Minutes d’amour avec Marie

– Courrier spirituel –

Un esclavage

J’aime beaucoup l’Armée de Marie, mais je ne puis suivre toutes ses activités; vous en comprendrez la raison en lisant ce qui suit:

Je suis mariée depuis trente ans. J’ai toujours été timide, et j’ai eu, moi aussi, mes erreurs avant de me marier. Mais, depuis mon mariage, j’ai été fidèle à mon mari car, selon moi, le sacrement de mariage, c’est sacré. Depuis un an, ça ne va vraiment plus dans notre ménage. Mon mari, devenu païen, ne veut plus croire en Dieu, ni aux Sacrements, même s’il me dit que parfois, il prie.

Il sort tant et plus, ne revient pas coucher en fin de semaine. Il boit. Je ne puis vous dire toute la peine que j’ai eue, sans rien savoir de sa vie. C’était épouvantable! Des prières, j’en ai faites, des larmes, j’en ai versées. Maintenant, je ne sais plus… J’accepte tout, car je suis croyante et Dieu m’aide, j’en suis sûre.

Il y a un an, j’ai voulu savoir de lui la raison de sa façon d’agir. Ce que j’ai appris m’a bouleversée.

Il m’a avoué avoir commencé à me tromper, deux ans après notre mariage, et sa vie a continué ainsi; il réussissait à tout me cacher. Il aurait un garçon de vingt-cinq ans et une fille de quatorze ans, en dehors de notre mariage. Et il n’a jamais cessé de me mentir. Je fais face à tout cela, tantôt comme une statue de sel, tantôt je pense à me venger. C’est affreux, épouvantable! Il ne sait pas comment changer de conduite et ne peut plus faire face à la situation. Il renie ses frères et soeurs, toute ma famille qu’il aimait pourtant, et ne veut plus fréquenter ses amis, car ils ne sont pas d’accord avec tout ce qu’il a fait. Il boit et il prend des «Vallium». Je devrais être loin, moi aussi. Il a été monstrueux et je lui ai offert de recommencer à neuf, en lui disant que je lui pardonne.

Non, il est perdu dans le vice et continue à «courailler». C’est affreux de voir se dérouler une vie pareille. Il revient et pleure, disant qu’il est malheureux et qu’il voudrait faire mieux. Il n’a aucune volonté de s’en sortir, de se reconnaître, pour un jour se repentir. Il ne faudrait pas qu’il meure dans cette condition pitoyable à tous les points de vue.

Ceux qui ne le connaissent pas ne pourraient se douter d’un pareil drame dans notre vie. Il a belle apparence, il est calme et timide. Il boit parce qu’il ne peut plus envisager le mal qu’il a fait; par contre, il refuse l’aide qu’on lui offre. Parfois, le fait de vivre à ses côtés me répugne; par contre, je n’ai pas la force de l’envoyer «promener» ou de vivre ailleurs, car je ressens que je suis son seul secours. Il dit m’aimer encore, mais il est même gêné de me regarder. Pour moi, je n’ai plus qu’un désir: celui de son retour vers Dieu afin qu’il puisse voir clair en lui. Il est si faible qu’il retombe sans cesse. Je demande le secours des prières de tous ceux et celles qui me liront. Aidez-moi à sauver mon mari.

Aidez-moi

Ce cri d’alarme: «aidez-moi» retentit sans cesse sur la planète aujourd’hui, non seulement dans les familles en détresse, au point de vue moral ou physique, mais dans toutes les couches de la société et sur tous les plans.

Loin de nous la pensée de juger une situation aussi douloureuse où, d’une part, nous voyons la force d’âme dans la sublimité du pardon et, d’autre part, l’inconscience, l’impuissance et l’esclavage qu’entraînent les passions.

À la vue d’un tel tableau, peut-on encore croire à «l’épanouissement humain» dans la «liberté», dans l’amour de soi poussé jusqu’au mépris des autres, au mépris des lois de Dieu? La «liberté», proclamée par les protagonistes du sexe, et l’étrange «épanouissement humain» tant recherché aujourd’hui ne conduisent-ils pas plutôt à l’esclavage le plus douloureux, non seulement pour les victimes elles-mêmes, mais pour tout l’entourage?…

Le refus des normes morales qui soutiennent et éclairent la volonté humaine obscurcit l’intelligence, qui oublie vite les valeurs fondamentales, lui enlève le sens critique qui protège l’homme ou la femme au moment des assauts de toutes sortes que lui livre le Malin. Car, il ne faut pas se le cacher, nous sommes soumis, un jour ou l’autre, et parfois tous les jours, à ces phénomènes physiques qui harcèlent sans répit, car la vie est un perpétuel combat.

Certains se disent faibles devant les tentations. La faiblesse provient de la chute, et plus il y a de chutes, plus la faiblesse s’accentue. Un être ne peut mesurer sa force que dans le combat… Plus il résiste, plus il devient fort.

Les plus grands Saints ont été les plus tentés. Saint Paul disait: «Qui donc me délivrera de ce corps de mort?» Plusieurs Saints ont mortifié leur chair d’une manière bouleversante, par exemple, saint François d’Assise qui s’est roulé dans un rosier. Depuis ce temps, ce rosier n’a plus d’épines, et les pèlerins sont invités à le constater lorsqu’ils se rendent à Assise. Nul n’échappe à la force des tentations qui surviennent un jour ou l’autre. Malheureusement, que d’images, que de films, que de propositions séduisantes… compromettent la dignité de la personne humaine!

Quand, dans la formation donnée aux jeunes, les éducateurs: Parents ou Professeurs, n’ont pas habitué l’enfant à valoriser tout ce que Dieu lui a donné et à s’en servir selon les lois qu’Il a établies, eh bien, on assiste bientôt à une dégénérescence inquiétante qui atteint nos générations, des plus jeunes aux plus vieux, pour les alourdir d’un poids énorme qu’elles ne peuvent supporter. Quand les fautes accumulées ont donné prise aux passions trop fortes contre la beauté saine, la vérité, la dignité, la noblesse et l’amour vrai, il en résulte l’esclavage dans la voie de la corruption.

«Vous les connaîtrez à leurs fruits», est-il écrit dans l’Évangile (Mt 7, 16). Que voit-on aujourd’hui? Des lettres comme la vôtre se multiplient pas milliers: ce sont des foyers brisés ou encore des parents qui pleurent sur leurs enfants désabusés, et même dénaturés, etc. Le glaive de la douleur traverse les coeurs. Mais ce qui semble désespéré pour les hommes ne l’est pas pour Dieu. Vous avez compris et vous avez placé votre confiance en Lui.

Dans votre détresse, vous êtes encore capable de recourir à l’arme puissante de la prière qui répand le baume sur les blessures et les cicatrise. La prière est l’acte tout-puissant qui met les forces du Ciel à la disposition de l’homme.

Votre douleur est atroce; étant bien acceptée, elle vous élève. Vous êtes humainement brisée, mais spirituellement transformée. À travers votre prière monte un appel discret et fervent, rempli d’espérance. Vous avez compris qu’en l’homme que vous avez épousé, il y a son âme que Dieu vous a confiée.

Vous vivez donc dans le détachement et vous allez au-devant de la croix avec courage et sérénité, sachant bien que votre vie se situe maintenant plus haut que le domaine charnel ou sentimental.

À quoi vous servirait d’en faire autant que votre époux et n’y trouver que l’illusion d’un bonheur éphémère? Et vous l’avez compris, même si cela n’enlève pas pour autant les soucis, le fardeau, la douleur et l’amère déception.

Un regard d’amour sur Celui qui est l’Amour et toute la vie s’en trouve transformée! Il entend les appels déchirants et les comble d’une autre manière. Ainsi vous serez humainement brisée, mais spirituellement consolée!

Mystère d’amour qui rend le joug facile et la croix légère.

Croyez aux bienfaits du Corps Mystique du Christ. Vous en goûterez les merveilles si vous continuez à vivre dans l’amour vrai, témoignage et preuve de l’idéal de loyauté que vous désirez poursuivre dans la charité envers celui qui est plus malheureux qu’on ne saurait le croire et qui, souhaitons-le, bénéficiera de la Miséricorde de Dieu.

Mère Paul-Marie

(Journal «Le Royaume», volume 5, numéro 44)