Minutes d’amour avec Marie

– Courrier spirituel –

La nuit de l’âme

Voici quelques extraits de lettres traitant du même sujet; une seule réponse sera donnée.

En lisant “Minutes d’amour avec Marie” du numéro de septembre, j’ai compris Soeur X pour avoir expérimenté moi-même une telle nuit, pendant plusieurs années. Rares ont été les étoiles et le clair de lune… Toutefois je n’ai pas connu l’aigreur, ni la haine, ni la pensée du suicide, mais je désirais la mort: ce qui s’équivaut passablement. Que Soeur X s’encourage et vive d’espoir car la paix s’installera en permanence dans son âme et la joie surnaturelle l’inondera si elle rive ses yeux sur la Trinité et continue ce cheminement, si ténébreux soit-il; cette tourmente va disparaître. La fidélité en tout en est la clef. Une vraie vie en Dieu est non seulement une ivresse, «c’est une félicité».

Ange-Aimée

J’ai pleuré de joie en lisant votre réponse à Soeur X. Enfin, je peux comprendre ce que j’ai vécu de si terrible pendant des années.

Alors que j’étais au plus creux du tunnel, dans la crainte voisinant le désespoir car je ne pouvais plus rien comprendre, on a pensé à une dépression nerveuse et j’ai été conduite à la Clinique. Il m’a fallu avouer mes craintes, mon cauchemar affreux et on m’a dit que le problème de la religion était la cause de mes troubles, ce qui atteignait ma santé. Alors, on m’a conseillé de me changer les idées, de sortir, de réprimer ce goût de la prière, du silence, de délaisser une bonne partie de la pratique religieuse.

Je suis sortie de là plus bouleversée que jamais. Comme complément à tout cela, alors que je souffrais le martyre moral, voici que s’ajoute le mépris de l’entourage parce que j’avais connu un stage en Clinique. Ce que j’ai pleuré! Dieu seul le sait. Le temps a passé, la clarté est revenue peu à peu. Depuis que j’ai lu la revue de septembre, je verse des larmes de joie car je viens de comprendre que ce cheminement de ténèbres, comme vous dites, est normal. Pourquoi faut-il que personne ne le sache? Je connais d’autres personnes qui ne s’expliquent pas ce qui leur arrive. Je fais circuler votre revue, croyez-moi. Mille mercis au nom de tous ceux et celles que votre réponse éclaire et réconforte.

Colette B.

Réponse consolante que celle réservée à Soeur X. Elle a été lue, ici, à toute la Communauté réunie. Votre bulletin en entier est lu à l’heure des repas. Que de connaissances nécessaires pour le bien des âmes.

S. Anita D.

Je viens à peine de connaître l’Armée de Marie et déjà j’en connais un grand bienfait. Comme vous avez raison, «la nuit de l’âme», c’est affreux à vivre mais si consolant ensuite dans la lumière. Je veux rassurer toutes celles qui en sont affligées car on en sort un jour et le bonheur est si fort qu’il ne s’exprime plus! Plus on est sensible, plus vives sont les douleurs mais plus fortes sont les joies.

Une artiste

Ces quelques extraits de lettres démontrent que les âmes sont en recherche! De plus, celles qui ont l’expérience de ces «nuits» s’empressent de rassurer et d’encourager car elles n’oublient pas facilement l’angoisse terrible qui les a bouleversées alors que dans le noir elles ne voyaient plus la route à suivre.

Arrêtons-nous au cas de Colette B., car il présente un autre aspect de ce sujet si délicat. Rassurez-vous, Mademoiselle, ou Madame Colette, votre pratique religieuse n’était pas la cause de cette phase difficile à traverser. Bien au contraire. Et ce ne sont pas les sorties multiples, ni les soirées sociales qui peuvent aider une âme en détresse, quand elle traverse ces phases si pénibles où tout est noir comme en pleine forêt dans la nuit.

Un guide, un Directeur compétent vous aurait éclairée, informée sur la nature de vos souffrances morales et spirituelles, lesquelles sont si fortes pendant certaines purifications qu’elles atteignent la santé.

S’il est une évolution physique normale pour le corps, laquelle pourrait bouleverser psychologiquement le garçon ou la fille s’ils n’étaient informés, il en est ainsi de l’évolution spirituelle normale pour l’âme qui doit être informée du cheminement progressif, des possibilités, des écueils, des réactions douloureuses ou heureuses selon les phases de transition qui situent l’âme tantôt dans le «noir», tantôt dans la «lumière».

Un éclairage donné par un bon Directeur vous aurait orientée autrement et vous auriez, tout en conservant votre équilibre spirituel, traversé douloureusement, oui, mais avec assurance, cette période difficile de la purification de vos facultés.

Saint Jean de la Croix et sainte Thérèse d’Avila, grands Maîtres de la vie spirituelle, Docteurs de l’Église, ont offert aux Directeurs d’âmes des thèses merveilleuses de précisions comme instruments de travail.

Hâtez-vous de vous procurer le livre: Je veux voir Dieu, du Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, o.c.d., et vous aurez toutes les précisions désirées.

Quel rôle sublime que celui du prêtre qui dirige, éclaire les âmes rattachées à son sacerdoce!

Toute âme qui se livre à l’action divine doit, aux périodes de grandes ténèbres, pouvoir compter sur les conseils sages et éclairés d’un bon Directeur.

Ces «nuits de l’âme» sont précisément causées par une activité divine intérieure. L’âme est soumise à des alternances de grandes souffrances suivies de douceurs et de joies profondes. La «nuit de l’esprit» surtout atteint l’être physiquement et le soumet à des douleurs indescriptibles dont la cause ne saurait être diagnostiquée.

Le choc divin de l’irradiation s’étend et affecte douloureusement les points faibles de l’organisme alors que la fatigue écrasante, une faiblesse accablante, sans cause apparente, s’installe pour disparaître étrangement au moment où l’âme revient à la lumière et qu’elle connaît un bien-être qu’elle ne saurait expliquer. C’est précisément à ce moment que l’âme peut réaliser les bienfaits de l’opération divine qui se fait de plus en plus profonde. Le rôle du médecin consiste alors à soutenir l’organisme tandis que le prêtre guide et invite l’âme à conserver son espérance surnaturelle, car tout passe. Comme elle est nécessaire la collaboration du prêtre et du médecin en de tels cas! Tout comme sont appréciées les ardeurs du soleil après la tempête, l’âme, après la nuit, savoure une douceur ineffable, est enivrée d’un bonheur qu’elle ne voudrait jamais perdre.

Tant de malades rivés à Dieu, à Son bon Vouloir, connaissent une montée spirituelle qui se poursuit dans un héroïsme que seul Dieu connaît. Mais la purification par étapes doit se continuer, si l’âme consent à monter toujours plus haut. Le jeu de la correspondance à la grâce, quelle merveille! Un bon Directeur, quelle richesse pour l’Église!

Marie-Paule

(Revue de l’Armée de Marie, volume II, numéro 3)