Minutes d’amour avec Marie
– Courrier spirituel –
Générosité maternelle
(…) Maman est décédée un an avant mon mariage. Même si je l’aimais beaucoup, ce n’est qu’après avoir eu un enfant que j’ai compris que je ne lui avais pas assez prodigué d’affection.
Ce qu’une maman peut être admirable!
Quand je pense à la mienne, je ne peux plus retenir mes larmes. Elle a tant sacrifié pour nous qui étions huit enfants autour de la table. Ses repas bien préparés malgré les modestes revenus de mon père, la maison bien tenue, sa patience, sa bonté à accueillir la parenté, les amis qui trouvaient auprès d’elle l’amie qui comprend tout, la maladie vite surmontée pour bien s’occuper de nous, sa tendresse pour les enfants malades qui la tenaient debout nuit et jour, cette initiation à la prière dont je me suis moi-même éloignée, etc., etc., tout cela me revient à l’esprit maintenant.
Si elle était de ce monde, je sens que je ne pourrais pas lui refuser quoi que ce soit. Je veux dire à toutes celles qui ont ce bonheur immense d’avoir leur maman pour compter sur leurs bons conseils, sur leur aide, et leur sourire encourageant, de ne pas mésestimer leur privilège.
Je suis jeune maman, il est vrai, mais je sais quelles sont les exigences de la maternité. Jamais je n’ai autant compris ni autant aimé maman, et malheureusement elle n’est plus là pour le savoir.
Je suis heureuse mais le souvenir de maman me fait pleurer.
Venez à mon aide.
Sans vous en douter, vous avez décrit une belle facette de la maternité. Vous êtes maman et heureuse de l’être, dites-vous, car vous venez de vivre des heures qui marquent une vie. Une grande générosité pour la maternité ne s’improvise pas; elle est le fruit d’une longue et lente préparation dont vous avez su profiter. C’est le point de départ d’une vie bien comprise.
Cette préparation vous a été donnée par l’exemple que vous tenez de votre maman. Vous avez bien raison, est-il rien de plus beau que l’amour maternel. Presque tous les poètes ont exalté, chacun à sa façon, l’exquise bonté d’un vrai coeur d’épouse et de mère. Sur tous les tons, on a chanté le dévouement, le sourire, l’abnégation, l’amour maternel. C’est que le coeur d’une vraie maman est une source intarissable; elle sait sacrifier ses goûts, ses préférences personnelles; elle voile ses souffrances pour soulager celles des autres; les heures de travail ne se comptent pas même si, la nuit, elle s’est longuement penchée sur l’enfant malade. Surmenée de soucis et de fatigues, dans le réseau astreignant des appels qui s’entrecroisent, elle accueille encore avec le sourire l’époux parfois exigeant, les parents, les amis, qui devraient être émerveillés des multiples preuves d’amour secrètes qu’ils acceptent sans comprendre…
Où puisait-elle tant de forces cette maman au coeur d’or?…
L’orientation, toujours plus nette et plus tendue de son âme vers Dieu, lui devenait sûrement réconfort et soutien quand, chaque soir, les derniers bruits de la maison étaient cet élan paisible de la prière.
Heureuse êtes-vous, si votre enfance et votre adolescence ont été marquées par un tel témoignage de vie chrétienne! Il est davantage facile de comprendre votre désarroi devant vos appels affectueux qui restent sans réponse.
De si précieux souvenirs vous deviennent de véritables trésors. Faites-en le partage avec votre enfant qui grandit. L’enfant a toujours besoin d’un modèle, ce modèle que vous devez suivre, dans un libre effort, qui fera surgir en votre âme une source d’amour insoupçonnée pour en arriver à «tout donner sans qu’on vous doive quelque chose» (Jean XXIII). C’est ainsi, qu’à votre tour, vous goûterez le vrai bonheur.
Que cette attente douloureuse d’une réponse, la soif de cette présence aimée se mêlent davantage à des sentiments d’acceptation dans l’amour pour devenir une joie discrète à votre coeur, qui vous fera mieux percevoir la présence et l’aide spirituelles que, maintenant, votre maman peut vous apporter.
Marie-Paule
(Revue de l’Armée de Marie, volume III, numéro 8)