Minutes d’amour avec Marie

– Courrier spirituel –

Vie liturgique

Au retour de notre magnifique journée de prières réparatrices à la basilique Notre-Dame-du-Cap, le 22 août dernier, que de beaux témoignages j’ai recueillis en faveur de ces «journées du Ciel».

Malgré les longues heures de prières, souvent debout, faute d’espace, les assistants ont vivement goûté la valeur spirituelle de cette journée eucharistique et mariale. La piété, le recueillement et la participation ont été vraiment remarquables.

La BEAUTÉ des chants liturgiques et plus particulièrement des pièces GRÉGORIENNES a soulevé cette masse humaine et laissé dans l’âme comme un avant-goût des beautés du Ciel.

Puisse le chant grégorien, si pur et si prenant, revenir dans nos célébrations liturgiques. Le grégorien a disparu et nos statues aussi. Je comprends qu’il n’est pas nécessaire de les multiplier, mais de là à les supprimer, il y a une marge. Les Saints du Ciel que les statues rappellent nous font admirer l’oeuvre du Créateur. L’oeuvre d’un artiste ne saurait éclipser l’Artiste lui-même, par l’admiration qu’elle suscite.

Maintenant, laissez-moi vous féliciter hautement pour la si belle tenue du Journal Marie. Quel intérêt il suscite! J’ai lu et relu ces pages si riches de doctrine, d’enseignements et de témoignages. Ces pages m’ont émue profondément et stimulent mon espérance et ma foi en des jours meilleurs pour l’Église.

Être capable d’exprimer la VÉRITÉ austère… sans passion, sans aigreur… mais avec une «douce fermeté», c’est formidable! Continuez, je vous en prie, nous avons besoin de lumières en ces temps de confusion; je suis persuadée que le Journal Marie répond à un vrai besoin du peuple chrétien et l’aidera à cheminer dans la lumière.

Mme Émélina Aubé, Montréal

Nos journées de prières soulèvent les âmes et les rendent sensibles aux évocations si pures des modes grégoriens. Au-delà des situations, des devoirs d’état différents, nous avançons tous vers un même AMOUR et cet AMOUR éveille en nos âmes le même chant, s’appuie sur les mêmes réalités spirituelles fondamentales pour nous donner l’impression de goûter du Ciel sur la terre. Merci pour vos bonnes paroles.

Vous soulevez deux points sérieux qui méritent une haute considération bien que la réponse à votre lettre datée de septembre vous parvienne un peu tardivement. Vous pourrez puiser des éléments dans le texte sur «Saint Pie X» pour en compléter tous les aspects.

MUSIQUE SACRÉE

«La tradition musicale de l’Église universelle a créé un trésor d’une valeur inestimable. Certes, le chant sacré a été exalté tant par la Sainte Écriture que par les Pères et les Pontifes romains; ceux-ci à une époque récente, à la suite de saint Pie X, ont mis en lumière de façon plus précise la fonction ministérielle de la musique sacrée dans le service divin» (Les Actes du Concile Vatican II, chap. VI, n° 112).

En ce qui concerne le «chant grégorien», voici la pensée de l’Église:

«L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place» (Les Actes du Concile Vatican II, chap. VI, n° 116).

«La liturgie romaine» signifie: la liturgie de l’Église catholique. Le Saint-Père le Pape Paul VI, à quelques reprises, et tout récemment encore, invitait le peuple à chanter les «KYRIE, GLORIA, CREDO, SANCTUS, AGNUS DEI». De plus, il faisait paraître un recueil de ces chants dans lequel était aussi inséré le solennel «TE DEUM».

Le grégorien laisse dans l’âme les échos bienfaisants d’une certitude apaisante que la grâce divine, qui travaille en chacun de nous, prépare à toujours mieux saisir la grandeur et la beauté du MYSTÈRE DIVIN qui illumine notre vie.

Comment expliquer que le chant grégorien soit disparu de nos offices religieux quand les Pères du Concile le recommandent fortement au point de lui donner encore «la première place»…?

Le grégorien est l’expression extérieure de l’état de prière qui marque notre âme. Et l’Église catholique qui, selon la pensée du Christ, doit être «UNE» en réunissant tous les Peuples dans une même profession de Foi, peut, par le chant grégorien, uni au latin, les unir en une seule langue dans l’expression solennelle du CREDO qui retentit, tout spécialement à Saint-Pierre de Rome, ou partout ailleurs, puisqu’à notre époque il est si facile de visiter nos frères des autres continents.

Oh! qu’il est triste depuis dix ans de voir disparaître les véritables valeurs de l’Église et d’en venir même à se rallier à la pensée des démolisseurs! Spectacle effarant qui devrait nous réveiller et nous faire bondir d’indignation. Aurons-nous assez de courage, de foi et d’amour pour redonner à la vie liturgique la solennité, la beauté simple et prenante qui nous fait vraiment communier à la prière de l’Église et mieux rendre perceptible la vaste fraternité humaine? Si nous voulons encore, d’ici une décennie, chanter d’un même «choeur» au Centre de la Chrétienté, il est vraiment urgent de secouer notre inertie presque coupable.

LES STATUES

Sous la poussée d’un modernisme satanique, les magnifiques statues de nos églises ont été délogées pour offrir aux fidèles, toujours de moins en moins nombreux, la nudité des parois frigides, dont le jeu des couleurs amuse l’oeil superficiel au détriment des saines réflexions qui pénètrent l’âme à la vue des Conquêtes divines que l’Église a canonisées et qui sont des modèles à imiter.

À certains endroits, on a remplacé les statues et les tableaux par des dessins tracés selon la fantaisie des jeunes. Les efforts de nos jeunes peuvent être louables pourvu, bien sûr, qu’ils soient orientés vers la perfection. Malheureusement, la plupart des sujets devenaient beaucoup plus une distraction qu’une inspiration. Ne vaut-il pas mieux rappeler à l’enfant intelligent, assoiffé de beauté, par une statue ou une peinture, le modèle qui peut convenir à son idéal de perfection? Par exemple, une petite Thérèse aux mains chargées de roses, un François qui s’amuse avec une colombe, etc. Et ce sont des oeuvres de Dieu! que l’on retrouve dans le Temple de Dieu.

Là encore, l’échelle des valeurs a été trop souvent renversée. Est-il un père de famille qui accepterait qu’un fanatique vienne lui enlever les photos de ses enfants? Qu’il ait 3, 5 ou 7 enfants, tous ont leur place de choix.

Par hasard, un photographe passait dernièrement dans une paroisse où on vendait à l’encan et statues et vêtements liturgiques.

Or, un adolescent achète au prix de $5.00 la statue de la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus. Une famille intéressée, mais arrivée trop tard sur les lieux, offre à l’enfant $50.00 pour la statue. «Non, dit le garçon de 12 ans, il n’y a pas d’argent pour m’enlever ma petite Thérèse.» Quelle éloquence en si peu de mots! Et les paroissiens s’empressent d’acheter bien vite tout ce qui ne servira plus au Culte divin dans l’unique but de le conserver avec respect.

Bien sûr, la multiplicité des statues pas toujours esthétiques, dans un agencement de mauvais goût dans les églises, devait être corrigée. Mais l’équilibre n’est pas toujours facile à conserver.

Si on fait disparaître les oeuvres d’un artiste, on arrive à oublier l’artiste lui-même. Il n’est pas facile d’aller directement vers Dieu; le rappel de tel saint ou sainte, qui est montée vers Lui par un cheminement qui nous semble accessible, peut devenir une aide efficace, un appui précieux, une sécurité même dans notre envol vers Lui. En cela, il n’y a pas de naïveté ou de sentimentalité, mais un réflexe naturel d’un AMOUR PROFOND qui tend à progresser.

Marie-Paule

(Journal «Marie», volume 1, numéro 4)