Minutes d’amour avec Marie

– Courrier spirituel –

Vie conjugale

Laissez-moi vous dire tout le bien que je retire de la lecture de votre revue si intéressante. Il est un sujet épineux que je veux, à mon tour, soumettre pour mon bien personnel et celui de plusieurs personnes qui connaissent les mêmes problèmes.

Disons d’abord que j’ai reçu une très bonne formation chrétienne. La fidélité aux principes inculqués m’a permis de vivre dans la paix et la joie. Mes fréquentations ont été honnêtes même si la chose n’a pas toujours été facile. Mon mari a une excellente position et j’ai une bonne santé. Nous avons eu deux enfants, en cinq ans, et j’en suis très heureuse.

Pourtant, il y a un gros nuage à mon bonheur, nuage qui me torture constamment. Mon mari n’a pas les mêmes principes religieux et, pour lui, dans le mariage, tout semble permis; vous comprenez? Il exige que les berceaux soient plus espacés et il comprend que je ne veuille pas prendre «la pilule», mais il ne veut en rien se contrôler. Je ne le repousse pas mais je ne veux en rien en arriver à vivre dans le mal sous prétexte de satisfaire tous nos plaisirs. Ses exigences deviennent menaçantes. «Si tu ne consens pas, dit-il, j’irai ailleurs, etc.»

Pour moi, le mariage, ce n’est pas exclusivement l’union des corps dans une action devenue non permise par l’Église, c’est avant tout l’union des coeurs qui se solidifie dans l’intimité selon les lois prescrites.

Dans mon désarroi, j’ai vu un prêtre qui m’a conseillé, pour garder mon mari, d’accepter toutes ses exigences et de ne pas m’en faire un cas de conscience et de communier sans inquiétude. Eh bien, j’ai tenté l’expérience et ma souffrance est plus grande encore car je ne suis pas capable de communier en cet état. Bien plus, à cause de tout cela, j’ai ressenti pour mon mari un grand dégoût, ce que je ne connaissais pas auparavant. Alors, je l’ai rappelé à l’ordre. Il a semblé comprendre mais ses exigences ont recommencé avec plus de force. Le mariage d’aujourd’hui en est-il rendu à réduire la femme esclave du sexe et esclave du mal? Que faire pour sauver mon bonheur et conserver ma paix?

Mme B.

Partant du contexte de vie qui est le vôtre, de votre formation morale, garantie de joie et de paix, il est nécessaire pour votre équilibre psychique, psychologique et physique de rechercher la solution qui vous permettra un épanouissement capable de vous aider à traverser toutes les situations. À la base, vous devez conserver cette fidélité à Dieu, à Ses lois, source et gage de vrai bonheur. Le mariage chrétien, plus que jamais, est rudement secoué. Le dieu Eros veut supplanter, dans un déséquilibre sexuel fougueux, les lois salutaires de la raison, du bon sens.

Aussi, comme vous le dites si bien, «le mariage, c’est avant tout l’union des âmes, des coeurs avant d’être l’union des corps». L’on pourra multiplier la fréquence de l’acte charnel, il ne sera toujours que l’asservissement aux passions et ne deviendra que complication et dégoût s’il n’est pas avant tout sublimisé dans son but procréateur tout en sauvegardant l’équilibre et l’idéal spirituel. Ce que Dieu a fait est si grand! Et l’homme est doué d’une raison. Si Dieu l’a fait toujours actif, c’est uniquement afin qu’il soit toujours prêt lorsque l’épouse, en période de fécondité, devient active à son tour.

Malheureusement, l’amour aujourd’hui a perdu son vrai sens. L’amour est don et non pas égoïsme. En trop de cas, la femme n’est-elle pas devenue l’esclave des passions effrénées de l’homme? Elle en est la chose, le jouet. Nul respect pour sa condition, son état. Elle doit servir! Et nous assistons de plus en plus à l’écartèlement des coeurs, à un éloignement progressif des esprits parce que les âmes n’avancent plus dans la même direction.

Voilà ce qu’il en est chez vous. Restez digne; n’acceptez pas ce commerce illicite mais ne repoussez pas votre mari. Qu’il porte seul le poids de ses exigences. Pour vous, demeurez pure afin que votre âme puisse se tonifier de l’Eucharistie, force exceptionnelle qui vous aidera à traverser la phase pénible à laquelle vous êtes soumise.

Aimez votre mari, aimez cette âme qui s’égare et que votre bonté en tout temps soit pour lui un rappel de votre dignité, de votre fidélité à une Cause qui vous est chère. Vous aurez à souffrir, bien sûr, mais sachez qu’il vaut mieux contribuer à racheter une âme, quelles qu’en soient les exigences, que de s’éloigner de Dieu à deux sous prétexte de sauver un foyer dont la perte alors serait déjà assurée. Demeurez la lumière qui éclaire en tout temps, non seulement auprès de lui mais auprès de vos enfants qui recherchent guide et appui.

Grâce à votre courage, à votre bonté, à votre dignité, cet homme ne pourra persévérer dans cette voie marginale; il devra reconnaître, un jour, la force de vos convictions personnelles et y adhérer; il devra aussi admettre qu’il n’a pas trouvé le bonheur ni l’amour vrai dans la course passionnée qu’il a entreprise.

Alors même que l’escalade des passions soulève une marée inquiétante, il existe des hommes héroïques dont la bonté et l’amour vrai méritent d’être soulignés. Un jeune papa (3 ans de vie conjugale) accepte généreusement une période prolongée de continence volontaire, pour aider son épouse à refaire ses forces. «N’es-tu pas trop bon?» lui demande-t-on un jour. «J’ai une femme et un enfant que j’aime, dit-il, que puis-je désirer de plus?» Voilà un époux qui sait aimer, qui comprend vraiment la valeur et la richesse de l’Amour car il est des jours où le véritable Amour exige le renoncement à l’amour.

Pour vous, Madame, je sais que vous saurez tirer grand profit de cette phase difficile. Avec votre formation de base, vous aurez la force de tout surmonter. Courage. Vous pouvez sauver votre foyer en demeurant rivée à Celui qui attend votre réponse d’amour.

Marie-Paule

(Revue de l’Armée de Marie, volume II, numéro 2)