Minutes d’amour avec Marie
– Courrier spirituel –
Une âme de cristal
Lors d’une réunion de l’Armée de Marie, tenue au Centre de l’Immaculée, à Québec, vous nous avez entretenus de la beauté d’une âme pure comme du cristal et vous avez fait certaines comparaisons que j’ai beaucoup appréciées. J’ai voulu donner à mes grands enfants les mêmes explications, mais il me manque certains éléments.
Autrefois, nos parents et nos prêtres nous parlaient souvent de la pureté et de la chasteté: c’était nécessaire pour nous garder sur la bonne route. Aujourd’hui, c’est le silence. Par contre, il y a tant de personnes qui parlent du sexe qu’elles présentent comme une priorité dans la vie. On entend parler du sexe partout, au point d’en avoir la nausée, comme si on n’était plus capable de vivre sans cela. Le sexe, on l’a tellement dans la «peau», et il y en a tellement sur les affiches, les revues, à la télévision et au cinéma, qu’on en est saturé. Dans notre pauvre monde, il nous faut sélectionner les amis dont certains n’en finissent plus de raconter les orgies de toutes sortes. Pour avoir la tranquillité d’esprit, il faut rompre certaines amitiés, des sorties d’affaires, sans quoi on en arrive à respirer l’air malsain et corrompu de la bêtise humaine.
Je ne suis pas un scrupuleux, j’aime la vie et le plaisir, mais j’aime une vie propre; j’apprécie ceux qui se respectent et qui me respectent. Il me semble qu’il y a encore moyen de se distraire sans sombrer dans la vulgarité, le burlesque ou la bêtise.
J’ai des enfants qui grandissent, trois garçons et deux filles. Avec mon épouse, j’ai cherché à leur donner le meilleur de nous-mêmes, mais quelle déception nous attend parfois quand ils nous quittent pour poursuivre leurs études, car ils nous font confiance et nous racontent des faits à nous faire dresser les cheveux sur la tête!
J’ai beaucoup lu Raoul Auclair. Il explique fort bien le temps d’iniquité que nous vivons. Comme lui, je crois que le monde n’a même plus conscience de son péché. D’ailleurs, on n’en parle plus. Sombre époque! Pour les parents soucieux de l’avenir de leurs enfants, que d’angoisses et que d’inquiétudes! On n’aurait jamais pensé vivre tant de chambardements dans notre catholique province de Québec.
Comment réapprendre à nos enfants que la chasteté est une vertu à pratiquer? Qui donc en parle aujourd’hui? Mais tous parlent du «SIDA» et nombreux sont ceux qui vivent dans la crainte d’être contaminés un jour ou l’autre. Drôle de monde qui ne connaît plus les valeurs et qui s’engouffre de plus en plus dans une descente vertigineuse.
Heureusement que certains groupes, mais fort bafoués, n’hésitent pas à nous parler de saine doctrine. Nous sommes heureux d’en faire partie.
Un papa soucieux de l’avenir de ses enfants.
Dans une époque de grande confusion, il n’est pas rare de rencontrer des parents soucieux d’un avenir incertain, qui cherchent la voix du Pasteur des pasteurs, afin d’entendre encore ce que, jadis, on enseignait, c’est-à-dire l’Évangile dans toute sa pureté, dans lequel passe le souffle de Dieu.
Heureusement, Dieu n’abandonne pas Son troupeau et il y a encore des pasteurs qui sont demeurés persévérants dans la prière, fidèles à l’enseignement de l’Église, des conciles et des Papes, et qui, avec la grâce, transmettent la Parole de Dieu dans toute son intégrité.
Vous avez lu les oeuvres de Raoul Auclair, vous êtes donc sensibilisé aux «signes des Temps», et ouvert à l’intelligence de l’Apocalypse ou de la Révélation dont les explications qu’il donne trouvent leur force et leur authenticité dans les paroles mêmes de la Bible. Il nous faut être attentifs car toute prophétie s’ouvre et se comprend au moment de sa réalisation. Dieu nous a tout révélé, mais quand vient le temps d’une réalisation, Il intervient encore et donne les lumières nécessaires afin que Son projet d’amour soit bien accueilli, malgré les ténèbres du temps. Le dépôt de la révélation, confié à l’Église, et son explication progressive, ne limitent pas pour autant la liberté de Dieu qui se réserve de parler encore aux hommes pour leur découvrir des vérités particulières.
Mais pour bien voir dans la lumière qui jaillit, et bien comprendre ce que Dieu veut nous faire entendre en des temps précis qu’il a Lui-même fixés, il convient, comme Marie Immaculée, notre Mère et notre modèle, de garder notre âme pure et ouverte à la grâce, car l’âme placée sous la lumière de Dieu découvre mieux les exigences de la pureté divine. Cela implique, bien sûr, les vertus à pratiquer: pauvreté, chasteté, charité, humilité, détachement, etc., dans une ascèse énergique, adaptée, progressive pour en arriver à l’absolu. N’allons pas penser avancer sans difficultés; il nous faut embrasser la croix qui est l’empreinte ou le signe de Dieu en nous, de Dieu à qui nous avons remis notre volonté en toute liberté: «Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive» (Mt 16, 24).
Nous avons parlé, en effet, de la beauté d’une âme pure comme du cristal et nous savons ce que cela comporte d’exigences et de renoncements.
Par le baptême, par l’eau sainte qui coule sur le front du nouveau-né, c’est la grâce qui pénètre dans l’âme qui naît à une Vie nouvelle. Quelle maman chrétienne n’a pas senti son amour spiritualisé en embrassant son petit bébé! Peut-elle oublier l’impression ineffable de remettre à Dieu une âme nouvelle où la Trinité se complaît? L’innocence baptismale, quel charme! Mystère intraduisible de la grâce survenue en cet enfant. Et si cet enfant grandit en conservant ce dépôt de pureté, ce rayonnement, quelle faveur, trésor inestimable! «Laissez venir à Moi les petits enfants», disait Jésus qui voulait leur communiquer l’amour divin. Si l’enfant, en grandissant, a le bonheur de conserver son innocence, il est associé à Dieu, à Sa grâce, à Son influence.
Pour illustrer la beauté d’une âme en état de grâce, comparons-la à un vase de cristal qu’on peut remplir d’eau propre: la beauté de ce vase n’en sera pas altérée. Mais pour remplir le vase, il doit être vide. Ainsi en est-il de nous-mêmes. Nous devons être détachés de tout, vidés de nous-mêmes, pour être envahis par Dieu.
Étant donné que nous ne sommes pas parfaits, des fautes vénielles peuvent atténuer la beauté de notre âme, et davantage encore les fautes mortelles. Ce serait alors lancer de la boue dans le vase et le cristal perdrait tout son éclat. La boue peut être nettoyée par l’eau, de même l’âme peut être régénérée par l’«eau» de la grâce que donne le sacrement de pénitence. Et l’âme redevient blanche – elle se cristallise si elle demeure dans la pureté.
Le cristal doit être poli pour être doux et agréable à regarder. L’âme, pour être agréable à Dieu, doit être polie par les purifications de toutes sortes. Le mystère qui enveloppe l’appel et le progrès des âmes ne nous permet pas de déceler le plan de Dieu sur chacun. L’action divine attend toujours la réponse généreuse qui permettra un amour de plus en plus purifié que Dieu va éclairer, transformer pour s’unir définitivement à l’âme.
Or, si on projette une forte lumière sur un cristal, on le voit rayonner de mille feux aux nuances les plus variées. Qu’en est-il d’une âme qui rayonne la Présence divine en elle? C’est le règne d’amour en son âme. C’est l’union profonde, c’est l’assimilation à Dieu de l’âme docile. Et c’est la fécondité, car l’âme se livre au dessein de Dieu qui agit par elle. «Vous les reconnaîtrez à leurs fruits»: tel est le signe que Dieu donne à Ses serviteurs.
Sainte Thérèse d’Avila a très bien expliqué ce qu’est la vie de l’âme qu’elle compare à un château taillé dans un diamant ou du cristal. L’idée m’est venue, en répondant à votre lettre, de préparer un condensé du récit de sa vie remarquable. Femme contestée, elle oublie les injures et reste rivée à la Volonté de Celui qu’elle aime de tout son coeur.
Mère Paul-Marie
(Journal «Le Royaume», numéro 55)