Minutes d’amour avec Marie

– Courrier spirituel –

La prière

Souvent, on entend dire qu’il faut prendre l’habitude de prier au fil des heures. Quand le travail commande toujours et que les obligations de toutes sortes occupent tous nos moments de la journée, comment y arriver ? Je vous remercie de votre bienveillance à jeter de la lumière sur ce point obscur qui surgit au cours de mon engagement spirituel.

Mariette B.

La vie d’oraison est plus facile qu’on ne le pense d’ordinaire; point n’est besoin de quitter son travail pour prier, point n’est besoin d’être agenouillée pour se tourner vers Dieu. Une âme peut-être constamment en état de prière, d’oraison, de contemplation. II y a d’abord les moments de prière du matin et du soir, auxquels on nous conseille de nous adonner. Par la prière du matin et du soir, nous disposons notre âme au recueillement, même si en surface nous avons des distractions qui nous gênent ou nous contrarient. Est-il vraiment possible de prier sans distractions? Nous ne sommes pas des anges et notre condition humaine endosse alors tout ce qui fait la trame de notre vie, nous situant par la pensée dans les problèmes qui nous assaillent, dans les épreuves qui nous brisent, dans les joies qui nous encouragent, dans les projets que caressent nos espoirs, etc. Dieu est si bon, II comprend notre situation d’êtres humains en proie aux problèmes inhérents à notre vie. Notre seule intention de nous recueillir, notre pensée d’aimer Dieu, de Le supplier, Lui plaît et II accueille l’élan d’amour que Lui offre, par exemple, celle qui peine auprès des enfants malades.

Or, ce qui compte avant tout, c’est l’accomplissement de son devoir d’état. Si ce devoir exige de nombreuses heures de dévouement chaque jour, eh bien, l’accomplissement de sa tâche est déjà une prière de tous les instants. Voilà pour l’état de prière.

Parlons maintenant de la prière au fil des heures, c’est-à-dire de l’envol vers Dieu, de la pensée amoureuse de Dieu dans la contemplation, soit en admirant la nature: les fleurs, les arbres, la mer, les oiseaux, même la pluie, etc. Saint François d’Assise, pour sa part, rendait grâce à Dieu pour toutes choses.La vie d’oraison est un commerce intime d’amitié avec Dieu. Sous des formes diverses, ce commerce avec Dieu assure un aliment à notre vie. L’oraison épouse les formes mouvantes de nos dispositions, car le contact avec Dieu s’établit dans les profondeurs de l’âme, en ces régions où Dieu réside et où se trouve l’amour surnaturel diffusé en nous. Dans la mesure où cet amour sera puissant et actif, le commerce sera à la fois fréquent et intime.

De quelle façon l’âme peut-elle être liée à Dieu dans une prière constante tout en vaquant à son devoir d’état? Adressons-nous ici aux âmes simples, ouvertes à la grâce, marchant dans la petite voie d’enfance dont nous parle sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Quoi de plus simple que ces flèches d’amour: «Jésus, je t’aime», lancées silencieusement vers le ciel. Pendant le travail, quel qu’il soit. Ces simples mots prononcés avec ferveur valent plus que les longues suppliques intéressées qui font que nos exigences égoïstes restent rivées à la surface de la terre, parce qu’attachées à notre volonté personnelle. Et l’on s’étonne ensuite que nos prières ne soient pas exaucées!…

Pour communiquer avec Dieu, il n’y a pas à chercher de belles formules. II suffit de Lui parler simplement, comme l’enfant parle à sa mère ou à son père.Parlant de l’oraison, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus écrit: «Pour moi, la prière, c’est un élan du coeur, c’est un simple regard porté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour dans l’épreuve comme dans la joie; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus.»

L’oraison la mieux faite et la plus agréable à Dieu est celle qui laisse les meilleurs effets, c’est-à-dire qui donne à l’âme le désir de travailler pour la gloire de Dieu.

Sainte Thérèse de I’Enfant-Jésus disait à Mère Agnès de Jésus: «Je ne vois pas bien ce que j’aurai de plus au ciel que maintenant. Je verrai le bon Dieu, c’est vrai; mais pour être avec Lui, j’y suis tout à fait sur la terre.»

Quand l’amour vrai s’installe dans la volonté, il éclaire l’intelligence et saisit l’âme pour l’unir à Dieu.

Si toutes les âmes s’habituaient à cheminer dans la voie de l’oraison, les ondes de l’amour s’étendraient sur la terre pour transformer les coeurs. Ces ondes feraient écran aux sentiments de haine qui déferlent entre les peuples pour les diviser et les détruire. L’amour vrai unit et ennoblit.

Marie-Paule

(Le Royaume n° 3, juillet-août 1982)