Minutes d’amour avec Marie
– Courrier spirituel –
La ligature des trompes
Puis-je vous demander une prière? À 21 ans, je me suis fait ligaturer les trompes. Vous ne pouvez savoir le remords, les peines, les pleurs que j’ai versés depuis ce jour. J’ai vu un médecin qui a essayé de réparer les dégâts, mais ce fut peine perdue. Il m’a dit que je ne pourrai jamais avoir d’enfants. Cela me fait si mal que je n’arrive pas à me chasser cette pensée de la tête. Par contre, le fait d’avoir essayé de réparer mon erreur me donne l’impression que mon péché, qui date de onze ans, a été effacé.
Je voudrais être capable d’accepter cet état de femme qui n’a plus l’espoir d’être mère. J’espère que vous pourrez comprendre ma peine. Excusez-moi si je vous ennuie avec mes troubles. Je souhaite que Jésus et Marie vous aident toujours à continuer cette belle Oeuvre qui nous a fait tant de bien.
Aidez-moi
Nous ouvrons notre coeur bien grand pour vous accueillir et vous aimer, pour vous comprendre dans votre détresse. Si toutes celles qui ont franchi l’irréparable pouvaient parler, que de confidences bouleversantes on pourrait entendre! Serait-ce suffisant pour faire détourner de leur but ceux et celles qui sont disposés à faire le même pas vers la stérilité? J’en doute, mais, au moins, l’expérience douloureuse des uns pourrait certainement provoquer la réflexion qui retarderait une décision trop rapide et peut-être, qui sait, l’en empêcherait dans certains cas.
Sous l’influence toujours plus poussée de l’avènement de la liberté, de la maîtrise de son corps par toutes sortes de moyens modernes, faisant fi de la morale, le monde s’oriente toujours plus dans un sens contraire à la promotion de la personne humaine, vers l’autodestruction, ce qui entraîne inévitablement le chaos dans sa vie personnelle, familiale et sociale. Et les victimes se comptent par milliers, qui expérimentent un jour ou l’autre le remous de la détresse et du regret.
Et vous demandez d’être comprise. Mais oui, la compréhension ou la compassion qui s’intéresse aux pleurs du malheureux est une forme de charité, c’est «le pain du coeur» qu’on doit offrir avec amour. Cet amour, dont le Christ nous parla avec tant d’éloquence, nous incite à tendre la main. Mais pour qu’il y ait poignée de main, il faut que deux mains soient tendues ensemble.
Vous avez fait la démarche nécessaire, dans un but louable, en vue de la correction d’un acte posé peut-être sans réflexion, ou du moins fortement regretté. Une faute pourrait-elle prévaloir encore sur tant de larmes? Dieu est Miséricordieux et Il sait redonner la paix, la joie et l’espérance, même si l’espoir caressé doit changer de nature, parce qu’inaccessible à cause d’un acte irréversible.
Vous cheminez maintenant sur une voie différente. Vous devez donc accepter un état de fait et le transposer dans votre vie en donnant la vie d’une autre manière. Cela, avec le temps, vous comblera. Vous allez savourer toujours plus les divers degrés de l’amitié, la parenté des âmes, pour y découvrir des charmes insoupçonnés. Je souhaite, comme à tant d’autres, que toutes les larmes que vous avez versées se transforment en joies que vous pourriez savourer sur le chemin de l’apostolat. Une vie sans oeuvre est une vie morne et sans fruit. C’est en fonction de notre manière d’aimer qu’on exerce un apostolat fructueux. Plus on est uni à Dieu, plus l’amour est fort et plus l’apostolat est fécond. Et plus l’amour nous donne la joie, car tout surabonde de charité, d’une charité qui ne se contente pas d’aimer Dieu et les âmes dans des actions concrètes, mais qui nous pousse à nous livrer totalement pour le bien spirituel de nos frères et soeurs en Jésus-Christ. C’est le Sauveur qui est venu nous apprendre la manière d’aimer, Il nous a donné l’exemple.
D’une manière concrète, vous pouvez rendre d’autres services importants à la vie de la personne humaine, par exemple, l’adoption, les oeuvres d’éducation, l’aide aux handicapés ou à d’autres familles, etc.
Cette maternité spirituelle vous est accessible en tout temps. C’est en vous y consacrant, à l’intérieur et à l’extérieur de votre foyer, que vous arriverez à oublier ce qui fut un drame dans votre vie, pour le remplacer par une action soutenue, vous rappelant la parabole de la brebis égarée dont l’enseignement nous fait un devoir, encore aujourd’hui, de ne jamais cesser de travailler à notre sanctification et à celle de nos frères. Soyez une âme qui a reçu l’onction de l’amour, agissant par amour et pour l’Amour. Tel est le vrai bonheur.
Mère Paul-Marie
(Journal «Le Royaume», numéro 49)