Minutes d’amour avec Marie
– Courrier spirituel –
Intimité conjugale
Permettez-moi de vous dire combien je trouve merveilleuse votre revue. Je l’attends chaque mois; après en avoir pris connaissance, j’en fais le partage avec d’autres. Voici ce qui m’amène:
J’ai toujours nourri le désir d’être religieuse. J’ai tenté vainement quelques essais, mais ma santé m’obligea à quitter. Un Père capucin me conseilla le mariage. Un jour, j’ai rencontré l’amour, un amour idéal, partagé; je ne comprendrai qu’au ciel pourquoi il m’a abandonnée. J’étais tellement brisée!
Enfin, après une période de repos, j’ai rencontré celui qui est devenu mon mari. Il m’a aimée tout de suite et n’a jamais cessé depuis. D’après mon Directeur, c’était celui qu’il me fallait. Quel temps il m’a fallu pour l’accepter! Il était bon pour moi mais il n’était pas sur le bon chemin. Alors, j’ai pensé que je devais m’oublier et travailler à rendre un autre heureux. Je ne vous dirai pas tout ce que j’ai souffert… surtout les premières années, mais Dieu qui est si bon et la Vierge Marie m’ont choyée. J’ai promis devant l’autel qu’il ne saurait jamais que je ne l’aimais pas de tout mon coeur. Pas facile, mais après vingt ans de mariage, on s’habitue et c’est presque de l’amour; en tout cas, une sorte d’amour qui n’est pas égoïste. C’est peut-être le plus beau!
J’ai conservé mon premier enfant de peine et de misère et il en a été ainsi pour les autres. Que de maladies, etc.
Je veux vous parler d’une souffrance dans ma vie que je veux propre devant Dieu. Je ne voudrais pas mourir sans être rassurée. Vous savez ce qu’il en est du sexe, aujourd’hui… Demande m’a été faite, pendant quelque temps, par mon mari, d’avoir des relations conjugales qui ne me semblaient pas permises (permission qu’il dit avoir reçue d’un prêtre, au confessionnal). Ce qui m’a été demandé me répugnait à l’extrême… (…) J’ai accepté pour ensuite refuser, tout en acceptant l’intimité telle que Dieu la veut dans le mariage. Je n’aurais jamais voulu offenser Dieu.
Je vous en prie, éclairez-moi. Que l’Esprit Saint vous guide. Je veux que ceux qui cherchent le visage du Seigneur en trouvent un peu le reflet sur mon visage, puisque les yeux sont le miroir de l’âme.
Mme A., Montréal
Je vous rassure immédiatement en vous disant que pour offenser Dieu gravement, il faut trois choses: matière grave, connaissance suffisante et plein consentement de la volonté.
Votre volonté n’adhérait pas à cette demande érotique et marginale faite par votre mari qui prétendait détenir toute permission du prêtre, en confession.
L’idéal spirituel du foyer s’insère aussi dans la réalisation conjugale du don charnel et, parfois, devient source d’inquiétude, d’angoisse, de trouble moral, quand l’un ou l’autre, d’une façon passionnelle, chambarde le plan divin, s’adjuge le droit de ne tenir compte que de ses exigences érotiques sans aucun souci de la morale chrétienne et compromet ainsi l’harmonie qui doit exister avant tout sur le plan spirituel pour se transposer, ensuite, au niveau affectif et charnel.
Que d’hommes se bercent d’égoïstes illusions et causent des souffrances inexprimées et inexprimables à la compagne qui, pourtant, fait preuve d’une compréhension accueillante, par tendresse, par amour pour lui. Se doutent-ils de ce bouleversement intérieur dont ils sont cause…? Ce que vous racontez douloureusement et que je dois voiler, ici.
Vous avez marqué le point final à cette sorte d’exigence et il a compris. Heureuse êtes-vous, car tant d’autres en arrivent à vivre comme des bêtes et avilissent, au même niveau, la compagne de leur vie.
Remerciez Dieu et vivez en paix, car Dieu sait comprendre vos sentiments, vos angoisses et vos regrets. Il sait surtout saisir les nuances qui s’établissent en ces sortes d’écartèlement de l’âme qui se veut fidèle aux principes religieux tout en ne refusant pas ses devoirs conjugaux, s’ils sont, bien sûr, dans la ligne des manifestations permises qui ennoblissent l’acte conjugal au lieu de l’avilir.
Vous avez connu autrefois un amour idéal, partagé, et tout s’est évanoui, vous laissant brisée, incapable de comprendre. Il n’est pas nécessaire de comprendre, car Dieu conduit les âmes selon Son Plan d’amour sur chacun, par des voies déroutantes. Vous avez épousé, sans connaître le grand amour, celui qu’Il vous réservait pour époux.
«Vous avez souffert, mais vous connaissez l’amour-don, sans égoïsme, l’amour le plus beau», dites-vous. Oui, le plus beau, parce que centré sur l’amour de Dieu, sur l’abandon à Sa Volonté clairement manifestée par Ses événements, et sur l’amour de cette âme à vous confiée pour la conduire dans la lumière, car si d’abord nous sommes unis à Dieu, nous le sommes avec tous nos frères humains et, plus spécialement, ceux qu’Il attache à nos pas.
Il y a chez vous une source de richesse et de grâces spirituelles, car «vous avez su fleurir là où Dieu vous a semée».
Demeurez dans la grâce de Dieu et votre joie sera toujours plus grande et plus profonde.
Marie-Paule
(Revue de l’Armée de Marie, volume II, numéro 7)