Minutes d’amour avec Marie
– Courrier spirituel –
L’influence des premières années
Mon deuxième enfant de quatre ans est très calme, à tel point que je crains la maladie. Mon mari me dit de ne pas m’inquiéter, qu’il va reprendre goût à la vie petit à petit, etc. Depuis quelque temps, je l’observe davantage et je crains que l’influence de ses premières années lui soit néfaste. Lors de ses deux ans, la mère de mon mari vivait avec nous et, comme elle était malade, le petit était continuellement réprimandé afin qu’il reste sage. Ma belle-mère est maintenant dans un foyer. Depuis son départ, j’ai remarqué que l’enfant n’a plus de goût pour le jeu. L’aîné de dix ans n’a pas été marqué par la présence de ma belle-mère qui était très sympathique, mais je crains aujourd’hui pour Jean qui semble devenu indolent, insouciant.
J’ai la joie de vous dire que notre foyer s’est consacré à Marie et que nous appartenons aussi au centre paroissial de l’Armée de Marie qui a été fondé il y a près d’un an. Quelle union avec tous les autres; ça ne s’explique pas, il faut le vivre pour le savoir…
Brigitte, Québec
Se consacrer à Marie, c’est goûter des joies bien pures, profondes. Quand les foyers s’unissent et fondent un centre paroissial, c’est de plus en plus prometteur. C’est rendre Marie présente au milieu de tous, c’est la reconnaître comme Souveraine. Il ne reste plus qu’à La suivre car Elle conduit à bon port. C’est Elle qui gouverne et Elle le prouve d’une façon évidente… Si l’on savait toutes les grâces qui se rattachent à cette consécration! Saint Louis-Marie Grignion de Montfort est fort éloquent sur le sujet!
Vous avez des inquiétudes pour votre fils Jean… Il se peut que votre fils s’ennuie de la grand-maman!.. Toutefois, il n’est pas normal que l’enfant soit tellement sage, calme, ne bougeant à peu près pas, sa nature lui interdit de l’être. Infatigable, normalement il touche à tout, il remue constamment, il imite les gestes, les actions des grandes personnes.
À réprimer ce besoin d’activité, d’initiative, d’indépendance, chez l’enfant, il peut arriver qu’il devienne un être timide, sauvage, sans vie, sans débrouillardise, car jouer pour l’enfant, c’est travailler. C’est en jouant que l’enfant exprime ce qu’il est, même si, au grand désespoir des parents, il a une prédilection évidente pour le bruit. Les parents doivent réglementer sagement mais non intempestivement ce besoin d’action.
L’enfant a besoin de sourires et d’approbations; cela a peut-être manqué alors que vous étiez tous occupés auprès de la grand-maman malade. Aussi est-il grand temps de favoriser votre fils de bons moments que vous passerez à ses côtés en l’initiant à tout ce qui peut l’intéresser. Ne multipliez pas les jouets, à moins qu’ils ne soient éducatifs. Encore faut-il mesurer les dons. Il est prouvé que les enfants peu privilégiés à ce point de vue se révèlent plus tard des esprits autrement vigoureux et tenaces que les autres enfants accablés par les richesses.
Grâce à cette pénurie, ils ont appris à observer, à méditer, et leur imagination aidant, ils ont trouvé dans ce peu de choses mises à leur disposition, tout un monde d’expressions. Dans la mesure du possible, entourez-le de tout ce qui est beau; que le milieu où il vit soit simple et clair; choisissez des livres d’images, il en est qui sont de véritables chefs-d’oeuvre, au même prix que les autres… Profitez de la nature pour l’initier à tout ce qui est beau: la splendeur des fleurs, la variété des couleurs et des formes, etc. Il n’y a pas de meilleure école que les contacts directs avec la nature. Ce goût du beau agit sur le caractère, il provoque une dilatation de l’âme, un épanouissement qui est une force considérable dans la conduite de la vie vers le Bien et le Beau immuables.
Lamartine attribue à l’influence de sa mère son goût et son amour de la nature. «Sans elle, dit-il, je n’aurais jamais rien su épeler de la création que j’avais sous les yeux. Son âme était si lumineuse, si colorée et si chaude, qu’elle ne laissait de ténèbres et de froid sur rien. En me faisant peu à peu tout comprendre, elle me faisait en même temps tout aimer».
Marie-Paule
(Revue de l’Armée de Marie, volume III, numéro 9)