Minutes d’amour avec Marie

– Courrier spirituel –

L’humilité -2

J’apprécie beaucoup les réponses qui sont faites; je lis et relis pour mieux comprendre cette spiritualité bienfaisante.

Je suis une maman de trois enfants qui ont des caractères bien différents. Je veux profiter de tout pour bien les éclairer, les diriger. De plus en plus, je réalise que la vie spirituelle doit occuper une place de choix et devenir, même, la note dominante dans ma tâche maternelle. Avec mon mari, je discute des sujets traités dans votre revue. Nous avons apprécié beaucoup cet éclairage sur la prière et l’aridité spirituelle. Ce n’est que trop vrai, l’on serait porté à se décourager quand ça ne va plus dans la prière, en croyant que l’on fait fausse route, parce que l’attrait disparaît.

Un point m’étonne toutefois, en lisant, dans le numéro d’octobre, votre réponse à celui qui signe «un jeune religieux indigne». Le sujet traite de l’humilité. Il faut quand même que ce religieux soit avancé dans sa vie spirituelle pour connaître certaines profondeurs d’humilité. Mais se peut-il, vraiment, que quelqu’un désire les humiliations?… À mon point de vue, cela me semble impossible, car c’est tellement contraire à la nature. Peut-être que je n’ai pas bien compris?

Maman heureuse, de Sainte-Anne

Votre lettre prouve qu’il est encore des mamans soucieuses du bien spirituel de leurs enfants et qu’elles savent profiter de tout ce qui peut être utile à cette cause. Plus vous avancerez, plus vous réaliserez que chaque enfant exige une éducation différente. C’est là qu’il est grand, le rôle de la formatrice, car il faut distinguer, chez l’enfant, ses aspirations et ses possibilités, ses problèmes, ses difficultés. En suivant l’évolution progressive de leurs enfants, en étudiant leur comportement, il est des mamans qui deviennent de véritables psychologues. Ce n’est pas peu dire; quel rôle admirable! Vous semblez vous acheminer sur une voie sérieuse, laquelle vous deviendra comblante.

Pour répondre à votre demande, il convient de bien préciser que ce religieux, en effet, connaît une évolution spirituelle qui peut le conduire vers des sommets s’il consent, toujours, à laisser buriner son âme par le Seigneur, c’est-à-dire en acceptant ce travail de purification, selon les événements providentiels, lesquels ne sont pas toujours faciles à accepter ou à supporter.

Je ne crois pas qu’il existe des âmes qui recherchent l’humiliation ou qui la désirent comme telle. Non, car l’humiliation n’est jamais agréable à subir et elle exige une bonne dose de générosité pour l’accepter.

C’est aux heureux fruits que produit l’humiliation que ce religieux se réfère lorsqu’il accepte, à nouveau, que se continue ce travail divin en son âme. Quand la souffrance morale s’estompe et qu’il est possible de mieux analyser, lumière est faite, alors, et tout fait place à une paix suave, une humilité plus profonde, une joie intérieure de se sentir plus près du Seigneur, tout en ressentant davantage son indignité, un détachement progressif de soi qui laisse l’âme dans une sorte d’indifférence aux propos de l’entourage sur sa réputation, un détachement des biens terrestres pour s’accrocher aux douceurs spirituelles, une plus grande compréhension des choses divines. Ce sont des connaissances spirituelles inestimables d’autant plus que cette purification rend l’âme plus agréable à Dieu. Voilà pourquoi ce religieux n’hésite pas à demander à Dieu de continuer en lui ce travail qui va le libérer de son «moi» pour appartenir davantage à Celui qui, seul, sait faire les grands Saints.

Ce travail de sainteté n’est jamais une oeuvre humaine; il convient, tout simplement, de se laisser sculpter par l’Artiste divin. Bien sûr, Il choisit les matériaux de Son choix, lesquels sont parfois les êtres qui nous sont les plus chers. Double est alors le travail de détachement.

Ainsi, cette âme peut chanter, au soir de sa vie: «Le Seigneur a fait en moi de grandes choses; Saint est Son Nom.»

Marie-Paule

(Revue de l’Armée de Marie, volume I, numéro 5)