Minutes d’amour avec Marie
– Courrier spirituel –
L’humilité -1
Depuis mon retour de vacances, il y a en moi comme une insécurité que je n’arrive pas à bien définir. J’ai l’impression d’être coupé de Dieu par ma faute: manque de générosité, de ferveur, d’amour. Je reconnais que je ne mérite en rien toutes les grâces que j’ai reçues et que je continue de recevoir. Je me sens loin de Dieu et je trouve cela bien juste puisque je sais jusqu’à quel point je suis méprisable. C’est curieux, mais je ressens le besoin d’être méprisé des hommes et de Dieu: un compliment me fait mal; un merci aussi, puisque je ne mérite rien. Je ressens aussi une grande indignité d’être prêtre; alors, je demande au Seigneur de passer Lui-même par l’instrument que je suis. Je ne veux pas que le passage du Seigneur soit rapetissé, ait moins de portée sur les âmes, à cause du blocage que je pourrais provoquer, etc.
Vous voyez ma pauvreté; aussi, je me réfugie dans le Coeur de Jésus pour être à mon tour abîmé, embrasé d’amour et que, ne faisant plus qu’un avec Lui, je sois anéanti par Lui, par amour.
Un jeune religieux indigne
Pénétrons les secrets de votre âme qui se fait de plus en plus abandonnée, plus ouverte aux possibilités spirituelles, plus aimante envers Dieu et les âmes, plus souple devant les exigences divines alors que la grâce travaille plus en profondeur, par l’intervention de Dieu qui ne trouve plus de réticence ni de résistance.
Cette phase de purification dans laquelle vous vous engagez est le cheminement normal, progressif, de la montée de votre âme vers Dieu; c’est pourquoi vous connaissez de vifs sentiments d’indignité. Le Seigneur est si grand, nous, si petits. Ce travail de la grâce opère lentement et, parfois, la souffrance est très vive. La vue de nos imperfections, de nos défauts, semble impressionnante. Il faut accepter d’être ce que l’on est, rempli de misères, tout en souhaitant que le Seigneur continue Son travail de purification en notre âme afin qu’elle Lui apparaisse plus belle, plus pure, plus aimante.
Cette purification arrache des fibres très profondes d’amour-propre, d’orgueil, puis suivra une «vague de fond» qui fera tout monter en surface et voici que l’âme sera submergée involontairement d’un orgueil très poussé. Ces contrastes surprennent et peuvent accabler étrangement, surtout après les jours d’anéantissement que vous venez de vivre. Or, tout cela est normal et ne doit pas vous désespérer. Il faut attendre patiemment que tout passe en offrant cette souffrance incompréhensible et écrasante.
Votre refus de croire de tels propos prétentieux inspirés par le diable, ne doit pas se doubler d’efforts répétés pour vous en débarrasser. Il suffit d’accepter cette souffrance en demeurant calme, sinon le diable en profitera pour vous troubler et vous fatiguer. C’est une forme de purification comme une autre. Au moment où vous ne croirez plus vous en débarrasser, vous serez délivré comme par enchantement pour connaître une grande paix et vous remercierez le Seigneur de vous avoir soumis à de tels traitements.
En ce moment, les compliments vous ennuient, vous deviennent cause de souffrance; sachez que l’inverse se produira par la suite. Vous comprenez? Alors, les actes d’humilité seront nécessaires.
Être prêtre, c’est si grand; s’en ressentir indigne, c’est merveilleux. C’est ainsi que le Seigneur passe et transforme une âme pour en faire un joyau de grand prix.
Que j’aime cette expression, à la fin de votre lettre: «Je me réfugie dans le Coeur de Jésus pour être à mon tour abîmé, embrasé d’amour et que, ne faisant plus qu’un avec Lui, je sois anéanti par Lui, par amour.» Il n’est pas de plus bel idéal, mais cet idéal exigera beaucoup. Puissiez-vous goûter cette paix enivrante que le Seigneur communique à toute âme qui se laisse purifier. Le vent contraire viendra souffler sur vos élans, sur votre noble idéal, mais il sera toujours suivi du soleil radieux qui réchauffe, éclaire et tonifie.
Quand les humiliations viendront, il ne faudra pas oublier que vous les avez désirées…
Marie-Paule
(Revue de l’Armée de Marie, volume I, numéro 2)