Minutes d’amour avec Marie
– Courrier spirituel –
Distractions dans la prière
Vous avez parlé de prière déjà, de l’aridité ou de la sécheresse spirituelle, dans le numéro de novembre 1971.
Je dois vous dire que j’étais contre l’Armée de Marie sans même la connaître; voici qu’une amie me remet ce numéro de novembre que j’ai lu et relu. J’ai été conquise. Le courrier spirituel est une merveille car on ne peut se lasser de le relire. Quel bien il m’a fait!
Pour moi, l’aridité dans la prière n’est pas mon problème; ce sont les distractions, à tel point que je me demande s’il vaut vraiment la peine de prier. Plus je veux être attentive, plus je suis déçue. Si vous connaissez un remède pour chasser les distractions, donnez-le-moi, s’il vous plaît.
Mme Antonin S., Montréal
Si vous le voulez bien, nous allons tout de suite établir une distinction nécessaire entre la ferveur d’une âme et les distractions de l’esprit, car si nous avons une âme qui aspire à une vie intérieure plus profonde, il reste que notre corps est assujetti aux exigences quotidiennes de la vie qui peuplent notre esprit.Ainsi, le matin, au lever, votre pensée monte vers Dieu; déjà, votre âme est en état de prière alors même que vous devez vaquer à vos occupations. Si la messe et la communion valorisent votre journée, c’est une nourriture substantielle pour l’âme qui devient plus forte malgré la gamme des distractions. Si, dans le jour, des flèches d’amour montent vers l’Éternel en des oraisons jaculatoires, votre âme demeure toujours en état de prière et si, le soir, vous récitez le chapelet ou si, avant le sommeil, une pensée vous unit à Dieu, votre âme demeure toujours en étroite intimité avec Dieu alors même que vous dormez.
La vie de l’âme, c’est merveilleux, et Dieu sait si bien comprendre que nous devons nous débattre, chaque jour, avec des exigences de toutes sortes et que notre esprit en est peuplé. C’est la bonne intention qui compte.
Je vous raconte un fait qui va vous rassurer sur vos distractions involontaires et je le puise justement auprès d’une maman qui avait l’habitude de la messe quotidienne et qui en était venue à douter de l’efficacité de sa messe à cause des nombreuses distractions qui vagabondaient dans son esprit. «Que valent ces messes alors que les efforts consentis restent vains? Vaut-il la peine d’y assister chaque jour quand la présence physique n’est pas doublée de la contemplation amoureuse, lors de cette rencontre divine, dans une participation effective?» Ces réflexions s’alourdissaient chaque jour, car la situation se détériorait toujours plus.
Or, un jour, cette maman en quête d’une réponse profite d’un beau soleil d’été pour s’asseoir à l’extérieur. Ses enfants sont rendus au terrain de jeux, sauf l’un d’eux qui dit à sa mère : «Je reste avec toi, tu es seule.» En disant cela, l’enfant s’assoit sur la pelouse aux pieds de la maman et lui dit : «Je t’aime tant, ma maman!» Un brin de causette les unit quand l’attention de l’enfant est attirée par une mouche qui le taquine un peu. Déjà l’enfant ne s’occupe plus de sa mère; il est distrait… Il tente de suivre du doigt cette mouche agaçante (si encore il s’agissait d’un papillon) qui tourne et retourne au-dessus de lui. La maman regarde avec attention, avec une certaine joie car, peu importe l’objet qui l’attire, il est là, près d’elle; il l’aime et elle l’aime. De plus, par lui, elle aime ses autres enfants qui sont là-bas, au terrain de jeux. L’enfant continue à tourbillonner en suivant la mouche et il s’éloigne de sa mère.
Tout à coup, en son esprit, se fait le lien entre l’attitude de l’enfant et son attitude distraite à la messe, et elle comprend la joie du Père qui voit arriver une personne à l’église, dans Sa Maison à Lui, une âme qui L’aime et se déplace pour aller Le voir et même Le dévorer dans la sainte communion. Le Père aime cette âme qui, pourtant, connaît des distractions pendant la messe ou sa prière. Par cette âme venue près de Lui, ou tournée vers Lui, Il aime tous Ses autres enfants occupés ici et là à d’autres choses.
Le Père sait si bien comprendre Son enfant qui L’aime et qui vient vers Lui avec tous ses problèmes, ses désirs, ses joies, ses déceptions refoulées et qui, si souvent aussi, s’amuse avec les «mouches» (distractions).
L’attitude de l’enfant a fait saisir une chose à la maman : c’est que l’amour pour le Père doit être établi au-delà des impressions ou des faiblesses. Ce qui compte, c’est l’orientation plus nette et plus tendue de l’âme vers Dieu, sachant que la souffrance du coeur due à l’impuissance sert aussi de base à la montée de l’âme.
Donc, que ces distractions ne vous soient pas cause de découragement ou d’arrêt, car viendront des jours où votre prière sera davantage centrée sur Dieu.
Allez de l’avant avec les mêmes désirs, le même amour, car votre âme en recherche plaît infiniment au Père qui se penche et vous aime.
Marie-Paule
(Revue de l’Armée de Marie, volume I, numéro 9)