Minutes d’amour avec Marie

– Courrier spirituel –

Difficultés familiales -1

Je suis dans une situation bien difficile et je cherche un peu de réconfort et de lumière. Il me faut, auparavant, vous raconter un peu ce qu’a été ma vie.

Jeune fille, j’espérais un foyer heureux et ma vie était droite. Je me suis mariée, prête à tout donner pour connaître une vie heureuse avec celui que j’aimais tant. Les enfants (3) sont venus les uns après les autres, mais mon mari ne prenait aucune responsabilité et la boisson l’entraînait à l’extérieur avec tout ce que cela comporte. De bonne famille, il était aidé par les siens, mais la pauvreté s’installait toujours plus dans notre foyer. La maladie aussi et j’en ai été durement touchée.

Un jour, mon mari est parti de la maison sans laisser d’adresse, nous laissant dans la misère. Les enfants grandissaient et j’étais si faible pour m’occuper d’eux et de tant de choses laissées en souffrance par ce père qui recherchait vainement ailleurs un bonheur qu’il ne trouvait jamais.

Vingt ans ont passé. J’ai connu des périodes bien difficiles, mais la Providence veillait sur nous. Parfois, mon mari réapparaissait pour nous causer plus de troubles encore. Mais je remettais tout entre les mains de Dieu. Ma foi seule me soutenait et l’amour de cette âme égarée rivée à la mienne par le mariage chrétien. J’ai tout pardonné et Dieu m’a soutenue de Ses grâces merveilleuses. Mon moral, en dépit de tout, demeurait bon. Je m’accrochais à la Volonté de Dieu, sachant aussi que toutes nos peines, nos souffrances, nos problèmes se changeront en joies de toutes sortes, un jour.

Et Dieu, je le répète, m’a soutenue de Ses grâces, pendant ce pénible calvaire. Que de choses je pourrais vous dire, car, pendant ces années où mon mari ne donnait signe de vie, Dieu demeurait mon seul compagnon à qui je confiais toutes mes peines. Comme Il a été mon Consolateur!

Après toutes ces années de solitude, voici que mon mari revient à la maison, car il est très malade, étant atteint d’un cancer. Il me dit que c’est cette souffrance qui va le sauver, car il y a un grand pas de fait pour son retour vers Dieu. Mais c’est terrible pour moi, car sa présence me rend très nerveuse et je dis des choses que je regrette. Je vous en supplie, aidez-moi; priez pour moi afin que je sois éclairée pour faire, exactement, ce que Dieu veut de moi. Je me sens écrasée par la croix. Puis, mes enfants changent; ils connaissent le sérieux problème de la religion; il y a la pauvreté, etc. Je ne peux pas tout vous dire. Heureusement que ma santé s’est améliorée. De son côté, mon mari souffre beaucoup.

Quelqu’un m’a abonnée à votre revue et j’ai lu le courrier spirituel. Quel bien vous nous faites. Je vous en supplie, aidez-nous à faire un pansement à la grande douleur de mon mari. C’est avec Maman-Marie que je veux continuer ma route. Aidez-nous.

Une pauvre maman

Votre cas pathétique mérite considération, sympathie, bonté et compréhension.

Bien sûr, vous pourriez dire davantage sur votre vie de souffrances vécue nuit et jour, dans l’amour vrai avec le «Fiat» sans cesse renouvelé, de même que vous pourriez dire davantage sur les grâces reçues que vous conservez au fond de votre coeur et qui vous ont aidée à gravir cette montagne de difficultés sans nombre.

Loin de moi l’idée de douter de ces grâces qui ont parsemé votre route, car le Seigneur ne se laisse jamais vaincre en générosité. Et votre moral s’est maintenu en dépit de tant d’épreuves accablantes; pourquoi?… Parce que vous avez puisé à la Source infinie de toutes grâces, vous rivant à Dieu, ce qui vous donnait la force de continuer, l’amour pour pardonner, la bonté pour comprendre et ne pas mépriser, la joie intérieure dans une vie bien vécue pour dépasser la tristesse qui aurait pu s’installer, le courage d’espérer encore, malgré les départs successifs de votre époux égaré.

Alors que les déchirements de toutes sortes vous étaient imposés, alors que vos enfants étaient ballottés, alors que votre mari égaré cherchait dans la fuite à oublier ses responsabilités, alors que vous demeuriez seule, debout, au pied de la croix, une espérance surnaturelle, telle une étoile, brillait au-dessus de votre foyer. Et cette espérance, c’était le retour de votre mari vers le Dieu miséricordieux.

Tant de larmes, tant de souffrances ne restent pas sans lendemain et, sachez-le, votre foyer en détresse fait la joie des élus, car il y a chez vous, à cause de vous, une puissance de rédemption qui ne saurait exister dans les autres foyers heureux, si édifiants soient-ils. L’Église, dans le passé, n’a-t-elle pas proposé comme modèle une Monique de larmes et de prières, de bonté et d’amour, qui a ramené son mari et son fils dans la bonne voie? Elle a souffert, oui, bien souffert et acquis au Seigneur non seulement ces deux âmes chères, mais des millions d’autres qui ont profité des vertus de cette femme auréolée tout autant que de l’apostolat rayonnant de son fils, Augustin.

Faut-il vous étonner qu’après cette vie votre mari revienne au foyer? Humainement, c’est incompréhensible. Spirituellement, c’est merveilleux. Si Dieu vous a donné la force de traverser tant de tempêtes, il saura, tout autant, vous aider à terminer ce travail spirituel dans l’âme de votre époux.

Votre nervosité s’explique facilement. La seule présence de votre époux provoque le rappel d’un passé plus que douloureux. Mais vous êtes habituée à tout considérer sur le plan surnaturel et vous savez, pour l’avoir vécu déjà, que votre charité vraiment évangélique vous sera rendue dans une aide matérielle qui vous étonnera. Conservez votre moral et, surtout, ne vous culpabilisez pas si, dans la nervosité, vous échappez quelques paroles que vous regrettez.

En toute chose, c’est l’intention qui compte et votre mari, que la vie a malmené au point de l’obliger à retourner chez vous, doit, le premier, comprendre votre désarroi et vous remercier plutôt d’avoir cette générosité si grande de l’accueillir avec tant de compréhension et de bonté, pour lui continuer votre aide précieuse.

Vous avez beaucoup souffert, mais vous avez trouvé refuge dans le Coeur de Jésus et votre paix et votre bonheur intérieurs ne vous ont jamais été ravis. Tandis que lui n’a connu que déceptions multiples, angoisses indescriptibles, mécontentement intérieur en recherchant, dans le monde et ses attraits, un bonheur factice qui devenait de plus en plus un malheur de tous les instants.

Concernant vos enfants, ne soyez pas étonnée de les voir atteints par ce problème épineux de religion. Leur formation de base a été bonne, les exemples de charité vraie qu’ils ont sous les yeux les marquent plus que vous ne sauriez croire. Ne vous alarmez pas de les voir un peu emportés par le tourbillon; ils se replaceront vite car l’heure de Marie vient avec tout son cortège de grâces et de joies profondes.

Pour terminer, je veux rejoindre votre époux. De grâce, monsieur, ne vous attardez pas à considérer ce passé déroutant, si ce n’est que pour mieux apprécier la bonté de Dieu qui vous invite à Le retrouver là où Il vous avait placé. Regardez l’avenir avec confiance, puisque vous êtes conscient que «c’est cette maladie qui va vous sauver». Vivez chaque jour qui passe dans l’amour et le désir sincère de Lui appartenir définitivement. Chaque jour qui passe, alourdi par le poids de vos souffrances passées, de vos regrets, devient porteur de bien douces espérances. Dieu n’abandonne jamais, surtout quand une âme conserve sa confiance en Sa Miséricorde infinie. Avec tant de bonté Il se penche sur vous, sachant comprendre ce que vous n’osez plus exprimer: cette espérance d’un bonheur éternel. Que votre âme s’élance vers Lui; appuyez-vous sur l’épouse qui a été vôtre, fort de ses prières et renoncements. Par ses souffrances amoureusement portées, votre épouse a pénétré dans les profondeurs et les beautés de la vie spirituelle. Une vie choyée ne l’aurait pas faite ce qu’elle est, aujourd’hui. Vous avez été l’instrument inconscient de sa montée rapide vers Dieu. Elle vous offre le partage spirituel, source de richesses pour vous. Profitez-en et jetez un voile sur ce passé douloureux. N’aurez-vous pas une éternité de bonheur pour chanter les louanges d’un Dieu si bon et si miséricordieux, et toute l’éternité aussi pour remercier celle que le Seigneur vous a donnée pour compagne de vie et qui a si bien su jouer son rôle d’amour auprès de vous? Courage, car l’espérance et l’amour deviennent votre consolation.

Marie-Paule

(Revue de l’Armée de Marie, volume I, numéro 6)