Minutes d’amour avec Marie

– Courrier spirituel –

Difficultés conjugales

Je vous écris ce soir pour vous dire que ma chère fille mariée depuis treize ans, et qui a trois enfants, traverse une bien grosse épreuve.

J’ai le coeur bien lourd et je pleure tellement ça me fait de la peine de la voir dans une situation aussi terrible. Je demande des prières pour elle afin qu’elle soit protégée contre tout danger. Son mari l’a laissée pour une autre. Ma fille aime son mari de tout son coeur et elle est sur le point de faire une dépression nerveuse. Elle ne mérite pas cela, car elle est si bonne et honnête. Je supplie Marie de lui garder son courage car, ce soir, elle vient de me dire qu’elle est rendue à bout de forces et qu’elle n’aime plus ses enfants. Il y a plusieurs années que son mari la fait souffrir; il ne se gênait même pas de parader avec sa maîtresse et de l’emmener auprès de ma fille et de ses enfants. Longtemps elle a gardé le silence car son mari la menaçait si elle racontait ces choses. Il y a quelques mois seulement que j’ai appris le drame de sa vie. Je crains tous les dangers pour elle: la drogue, le suicide; elle n’a plus d’espoir et je crains le pire car les menaces de son mari nous inquiètent tous. C’est un professionnel qui a de l’argent et qui passe bien partout.

Je voudrais qu’elle vienne demeurer avec nous ainsi que ses enfants, sous notre surveillance, mais elle refuse car elle ne sait plus que faire; elle dit que c’est un épais brouillard devant elle. Je ne voudrais pas qu’elle se tourne vers un autre homme, ce serait encore pire que tout le reste.

Elle m’a dit qu’elle n’a jamais été heureuse depuis qu’elle est mariée; elle ne méritait pas cela. Elle n’a pas eu un bon numéro; il faut croire que Dieu avait tracé son destin. La vie est longue, j’en sais quelque chose, même si je n’ai pas eu à supporter pareils outrages, ni connu l’humiliation de la séparation.

J’ai hâte de quitter cette vie pour l’éternité où on sera heureux d’un bonheur sans fin.

Je viens d’apprendre, par ma fille, qu’elle a dû consentir au divorce, sur l’exigence de son mari. Je souffre, moi, sa mère, autant qu’elle, qui est marquée pour la vie. Elle sera seule à élever ses enfants mais elle pourra les éduquer mieux parce qu’avec la présence de son mari, elle ne pouvait pas y parvenir. L’exemple qu’il donnait n’était guère encourageant. J’attends une réponse de consolation que je pourrais lui donner ou lui faire lire. Mon Dieu que la vie est triste! Voir souffrir ses enfants et ses petits-enfants que l’on chérit, c’est doublement cruel.

Aidez-nous, elle mérite d’être aimée.

Madame J… X.

Je comprends votre vive souffrance, Madame, et celle de votre fille qui voit son bonheur s’effondrer alors que ses forces vascillent et qu’elle doit s’occuper de trois enfants. Vos appels réitérés pour la soustraire aux menaces de son mari sont à peine entendus car le choc si terrible du divorce pulvérise tous les espoirs jusque-là entretenus. Sous la force d’un tel coup, il ne faut pas se surprendre d’une attitude négative, ou dépressive, ou même d’indifférence en face des devoirs à accomplir. On ne demande pas à un blessé de prendre l’initiative de graves décisions; il lui faut des soins et du temps pour se remettre. Au point de vue moral, c’est la même chose. Vos démarches prévenantes, attentives, sans pression, seront plus efficaces. Il vous faudra être patiente, compréhensive, affectueuse; bien plus, il vous faudra éviter de parler ou d’incriminer le père afin de sauvegarder l’amour filial que lui doivent ses enfants en dépit de ses faiblesses et ne pas élargir le fossé qui sépare les époux.Puisque le père a exigé le divorce, il en porte seul la responsabilité, mais votre fille se doit de demeurer honnête, droite, intègre, ce qui lui vaudra un bonheur vrai, durable, et pourra sauvegarder l’équilibre de ses enfants. Rechercher ailleurs des compensations affectueuses augmenterait ses troubles; ce serait aussi compromettre un avenir dont elle serait fière si elle dépassait tant de souffrances pour se situer dans la lumière de Celui qui est Amour et qui l’invite à monter. Ce n’est pas ici-bas que nous recevons ce que nous méritons… Peu importe le genre de croix qui nous sont présentées, ce qui compte c’est de les accepter quand, humainement, nous avons tout fait pour corriger une situation.

Votre fille a la joie d’être mère. Bien sûr, dans les circonstances, les enfants semblent alourdir le poids de l’épreuve, mais les enfants peuvent devenir sa consolation si une formation sérieuse leur est donnée. La croix forme et forge les tempéraments. Il convient de se pencher sur ces petites têtes à chérir, et doublement, car elles sont privées de la présence paternelle. Dans les circonstances, il vaut mieux que le père s’éloigne, ce qui permettra à la maman et aux grands-parents de suppléer à la tâche.

Les années passent… les enfants grandissent… la vie se charge de compenser. Après le brouillard c’est le beau soleil qui éclaire et réchauffe. En des circonstances aussi pénibles, il faut vivre au jour le jour, ne considérant que ce qui est positif dans notre vie, sans souci des «montagnes» qui semblent s’accumuler pour le lendemain, tout comme le malade ou le blessé qui doit attendre patiemment que les forces reviennent pour reprendre le cours normal de sa vie.

Bien sûr, le statut de «foyer séparé» n’a rien d’enviable et semble humiliant. Ceux qui jugent sur les apparences auront peut-être des surprises bouleversantes un jour, car Dieu seul sait ce qu’il en est de la valeur spirituelle des êtres. Ainsi, s’il est des foyers qui vivent à deux, en conformité à Ses lois, et qui avancent dans une voie parfois difficile mais sûre vers des sommets qui les conduisent au Paradis, il en est d’autres, par contre, qui courent à deux tout droit chez le diable.

Il est des «foyers séparés» qui, de part et d’autre, ne respectent en rien leurs engagements et qui déambulent, inconscients ou abusés, dans les sentiers de la perdition. D’autres «foyers séparés» peuvent aussi donner l’impression d’un scandale pour la terre, mais ils deviennent une consolation pour le ciel si, d’une part, un riche potentiel de mérites s’accumule à cause de situations intenables qu’il convient de vivre en conformité aux lois de Dieu, permettant, d’autre part, au conjoint qui s’égare, de puiser un jour dans cette source vivifiante de grâces pour le ramener dans le droit chemin.

Les âmes sont liées par le sublime sacrement de mariage de telle sorte qu’il invite à respecter l’engagement et non à le profaner par l’infidélité.

Le mariage est grand et les grâces qui s’y rattachent aident les âmes à traverser les brouillards très denses pour les acheminer ensuite dans la lumière bienfaisante et consolante. Toutes les vocations connaissent leurs phases de ténèbres et de difficultés. La fidélité à Dieu, selon la forme de l’engagement, est toujours salutaire, bénéfique, et permet les plus belles espérances.

Courage! Tout passe, et tout devient sujet de joie sereine et de paix suave si l’on consent à tirer le meilleur parti des situations. Le Seigneur ne se laisse jamais vaincre en générosités. Comptez sur la prière ardente des Chevaliers de Marie.

Marie-Paule

(Revue de l’Armée de Marie, volume III, numéro 10)