Minutes d’amour avec Marie

– Courrier spirituel –

Courage et sérénité

Trois de nos grands enfants ont dû quitter le foyer depuis quelques années à cause du manque d’industrie dans la région. Il nous semble que nous leur avons donné la meilleure éducation possible, la meilleure formation spirituelle.

Ils sont dans une grande ville et nous leur faisions confiance. Longtemps ils nous ont caché la vérité. Nous sommes âgés et la distance trop grande nous empêche de les visiter.

Voici que dans une visite récente, mon fils nous a informés de son état de vie. Il ne fait plus de religion et cohabite avec une fille; bien plus, ils ont eu un enfant. Puis, nous apprenons que les deux autres vivent dans des conditions à peu près semblables.

Le choc a été terrible. Je n’avais jamais imaginé qu’une chose aussi épouvantable nous arriverait. J’ai pleuré à en devenir malade; mon mari aussi, un veuf que j’ai épousé et qui est très bon pour moi et pour mes enfants, en a eu un chagrin immense. Ce sont mes trois enfants qui me font mourir. Que deviendront ceux de mon mari que j’aime autant que les miens? Nous ne voulons pas les voir quitter le foyer maintenant, et pourtant, c’est bien triste aussi dans notre milieu.

Nous avons une grande confiance en Marie, une grande dévotion envers Elle depuis toujours. Notre foi n’a jamais fait défaut, mais je suis tellement bouleversée que je ne sais plus quoi penser. Nous avons tout sacrifié pour le bonheur de nos enfants et c’est leur salut éternel qui nous tient le plus à coeur.

Devant tous ces problèmes, nous sommes tellement brisés que nous ne savons plus quoi dire afin de les faire réfléchir et voir clair. Ils sont bons pour nous et ils ont de belles qualités mais la vie des jeunes est difficile aujourd’hui. On ne comprend pas comment cela peut arriver ainsi. Je n’ai jamais eu autant de peine dans ma vie. Toutes les épreuves passées n’étaient que des fleurs comparées à cela. Aidez-moi, je vous en prie.

Une maman

Le salut éternel de vos enfants était et demeure votre plus grande préoccupation. Forte d’une formation spirituelle donnée, d’une bonne éducation, vous avez espéré et désiré avec raison, que vos jeunes, devenus grands, suivent la voie tracée au foyer paternel.

Votre foi, votre dévotion mariale vous étaient presque devenues une assurance, une garantie de la vie droite de vos enfants.

Il ne faut pas désespérer. La confusion qui règne aujourd’hui, l’érotisme qui déferle comme une marée noire, la désaffection religieuse qui surprend et bouleverse, tout cela atteint les jeunes et les moins jeunes et de plus, en fait une proie facile dans la conquête entreprise d’une génération déjà saturée de sexologie, de pornographie présentées par la réclame commerciale. Bien nombreux sont ceux qui aspirent à la véritable libération, c’est-à-dire à un renouveau de vie intérieure qui favorise le vrai bonheur.

Demeurez forte dans l’épreuve, appuyée que vous êtes par le compagnon bon et compréhensif qui est le vôtre. Sachez que les notions spirituelles inculquées dans le bas âge, même si elles connaissent des perturbations au cours de certaines années, surgissent un jour ou l’autre et balayent les fausses orientations que les circonstances ou les événements ont provoquées.

Que cette souffrance si vive qui est la vôtre actuellement, qui vous brise au plus intime de votre être, vous donnant l’impression que votre travail d’éducation est radicalement détruit, devienne un potentiel de mérites que vous accumulez pour faire jaillir les grâces nécessaires qui permettront un retour vers Dieu avec des sentiments de repentir qui favoriseront une humilité plus profonde et un amour plus fort.

Acceptez cette épreuve sans comprendre. Faites-en l’offrande au Christ-Sauveur qui, sur la Croix, souffrait moralement, à la pensée de toutes ces âmes qui allaient se perdre sans profiter de cette source surabondante de grâces que Sa Mort atroce allait faire jaillir pour le bien de l’humanité. Marchez sur ses traces avec courage et sérénité. Que votre calvaire à vous devienne un palier d’amour pour les vôtres, car vous êtes l’instrument de la Providence, le chemin de la grâce vers ceux que vous aimez. «Vous êtes brisée»… souvenez-vous que «Dieu écrit droit à travers les lignes brisées».

Marie-Paule

(Revue de l’Armée de Marie, volume III, numéro 4)