Minutes d’amour avec Marie
– Courrier spirituel –
Cheminement intérieur
J’ai recours à vous au sujet de mon cheminement intérieur. Depuis quelques années, j’ai commencé à écrire de temps à autre ce qui venait à mon esprit, non pas comme «paroles intérieures», mais comme «formes de pensée» que souvent j’avais tendance à croire d’inspiration divine. Parfois aussi, je me suis refusée à prêter attention, comme aussi d’écrire, par crainte d’être illusionnée ou de me tromper moi-même. Je suis souvent passée par des brouillards de doutes ou des moments de certitude à ce sujet.
Depuis 1961, particulièrement, ces «formes de pensée» m’ont amenée à réaliser tout un cheminement intérieur de dépouillement, de changement d’esprit ou de mentalité, de renoncement à l’esprit humain — raisonnement et jugement — pour adhérer dans la foi à une Sagesse divine, et vivre davantage confiante et abandonnée à la Miséricorde du Seigneur et à Sa Volonté. Quelque chose m’invitait ou m’attirait à aller de l’avant, à me dépasser. Une libération profonde et une paix toujours plus grande se sont réalisées graduellement et continuellement en moi.
Je relisais dernièrement ce que j’avais écrit il y a près de deux ans et j’avais alors la certitude plus grande que ces pensées ne pouvaient venir de moi. Souvent je ne saisissais pas en les écrivant, ou encore elles me surprenaient au moment où elles surgissaient. Avec le recul du temps, je vois que les fruits et les réalisations sont la paix, la sérénité, la confiance grandissante et un abandon aveugle plus confiant, total, absolu en la Miséricorde de Dieu.
Beaucoup de faits et de circonstances imprévues: personnes, lectures, etc., viennent me confirmer dans la tendance à croire que ces «formes de pensée» sont bien une façon de communiquer du Seigneur.
Mais je connais les doutes et les craintes pour ensuite vivre dans une assurance, une confiance, dans une paix grandissante. Personnellement, je constate que le Seigneur me manifeste Sa Volonté. Une Volonté qui dépasse ma logique humaine, qui m’invite à me départir de ma façon trop humaine et étroite de penser, de juger, de considérer les choses, pour tout envisager dans l’optique de la Sagesse divine.
Depuis 1961, je constate une libération toujours plus grande dans une lumière grandissante, une paix et une sérénité profondes. Par contre, j’ai tendance à croire qu’il reste en moi, dans le moment, la crainte de me tromper. C’est une lutte, une sorte de conflit, une souffrance profonde car je désire me conformer à la Volonté du Seigneur, être Sa joie, ne pas Lui faire la peine de douter, ou manquer de foi ou d’adhésion à Sa Volonté. Je ne voudrais pas être dupe de vouloirs ou d’idées personnelles.
Peut-être que, trop humainement, j’aimerais avoir l’assurance d’être dans la vérité ou en conformité avec l’Esprit et la Volonté du Seigneur, avoir une confirmation de quelqu’un d’autre?
Pouvez-vous m’aider ou me conseiller? Je vous en serais très reconnaissante.
Marielle
Vous avez vécu ainsi, depuis 1961, en des alternances de doute et de certitude, de crainte et d’espoir, dans un cheminement qui, peu à peu, vous a dépouillée de vous-même pour en arriver à goûter la paix, la sérénité, dans un abandon total à la Volonté de Dieu. Heureux fruits qui vous ont introduite dans la voie montante avec ce qu’elle apporte de joies très pures et d’Amour comblant.Vouloir être rassurée en de telles circonstances est tout à fait normal, nécessaire même. Toutefois, ce réconfort vous est donné dans une invitation à poursuivre votre route sagement, fidèle aux impulsions de la grâce, tout en demeurant prudente. Non pas de cette prudence qui, sans aucune considération, tend à rejeter toute possibilité d’intimité divine à cause des dangers que cela pourrait comporter, mais de cette prudence qui vous fait découvrir la provenance de l’inspiration et vous fait avancer en toute sécurité par le don de Conseil.
Voici quelques critères qui vous aideront à vous situer.
Au début, lorsque le Seigneur se manifeste, soit par des «paroles intérieures» ou sous «formes de pensée», etc., Sa touche divine est si délicate qu’il est difficile à l’âme, parfois, de cueillir aussitôt cette faveur de choix, à moins que cette âme soit habituellement recueillie ou silencieuse, et qu’elle ait opéré dans ses puissances le dépouillement et le vide.
S’il y a perception de la grâce, l’âme en connaît aussitôt les heureux fruits de la paix, de la douceur, de la sérénité.
Mais le Vilain est vigilant et s’aperçoit vite des faveurs divines. Alors, il insuffle le doute afin de dérouter l’âme, de l’éloigner de ces voies merveilleuses qui la font avancer rapidement, selon l’usage qu’elle fait de ces dons.
Si le Malin perfide s’acharne à vous faire douter, ne vous y arrêtez pas et conservez votre paix. C’est, d’ailleurs, ce que je remarque dans l’exposé que vous faites.
Dieu, qui voit vos craintes et vos doutes, confirme davantage pour vous rassurer, soit en plaçant certaines personnes sur votre route au moment opportun, soit par la lecture que vous poursuivez dans un livre de votre choix ou qui vous est offert providentiellement et que vous ouvrez au hasard pour avoir la surprise d’une précision qui vous engage à croire aux bontés divines à votre égard, etc. Consolation bien grande alors, qui vous situe dans la ligne droite, alors même que vos craintes vous font redouter une intervention personnelle ou l’influence de l’ennemi infernal.
Il est toujours bon de conserver une grande réserve face aux impulsions intérieures. Toutefois, avec les années, quand l’âme s’abreuve chaque jour à la Source d’Eau Vive, qu’elle se nourrit de l’Eucharistie, qu’elle se soumet aux purifications inévitables, elle devient comme un cristal et saisit avec plus de facilité et d’assurance l’intervention de Dieu, qui ne se manifeste plus par une touche divine mais s’appuie sur un contact permanent.
Alors, ces âmes en arrivent à penser, non pas comme le monde, mais à juger avec un oeil surnaturel. L’horizon change et prend des proportions universelles; les faits et les événements ont une portée qui dépasse les conceptions humaines et ont une résonance d’éternité.
Toutefois, quand l’âme s’engage dans les périodes d’obscurité ou les «nuits», un directeur lui est absolument nécessaire. Ou, à défaut de ce directeur, le livre Je veux voir Dieu, du Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, o.c.d., qui contient un condensé des oeuvres des saints Jean de la Croix, Thérèse d’Avila et Thérèse de l’Enfant-Jésus, est d’un précieux secours. Demeurez confiante, unie à Celui qui est l’Amour, et vous ne serez jamais déçue alors même que certaines phases seront difficiles à traverser. Le Seigneur est là qui veille. Une grande fidélité conduit vers les sommets.
Marie-Paule
(Revue de l’Armée de Marie, volume IV, numéro 2)