Minutes d’amour avec Marie

– Courrier spirituel –

Aridité spirituelle

J’ai lu, avec avidité, la nouvelle revue «L’Armée de Marie». Quelle joie d’y découvrir un courrier spirituel. Je viens vers vous afin d’être éclairée sur un sujet qui m’inquiète. Mes parents m’ont inculqué l’attrait de la vie intérieure; j’ai grandi dans un foyer de prières et de joies.

Depuis quelques années je suis seule, loin des miens, et ma vie spirituelle semble s’en ressentir car mon ardeur à la prière diminue et tout devient si difficile que j’ai l’impression d’être coupée de Dieu. Je veux répondre généreusement au Seigneur mais je perds mon élan.

Que pensez-vous de la chose et comment la corriger? J’ai lu et relu votre revue. Ma dévotion mariale y trouve grand profit. Merci.

Marie-Anne de Trois-Pistoles

Vous êtes privilégiée d’avoir vu le jour dans un foyer chrétien. Cette formation de base a marqué votre vie, si bien que vous êtes alertée devant cette difficulté qui semble surgir et qui n’a rien d’inquiétant puisqu’elle est le cheminement normal de toute évolution spirituelle.

Prier avec facilité, avec goût, c’est consolant pour l’âme car elle ressent une certaine joie, une certaine douceur à le faire d’autant plus qu’elle a l’impression assez vive d’aimer le Seigneur.

Mais, quand une période d’aridité s’installe, c’est-à-dire qu’il est difficile de prier ou même qu’un certain dégoût se fait sentir, que l’impression d’un Dieu éloigné ou inexistant vous torture, voilà qui n’est guère rassurant pour celle que la ferveur a comblée. C’est alors le moment de l’effort, des élans inassouvis, de la recherche d’un Dieu qui semble se cacher.

Cette prière ainsi faite est méritoire; d’autant plus méritoire qu’elle n’apporte aucune douceur, aucune joie. Dans le premier cas, votre prière est comme une fleur que vous présentez au Seigneur, mais, du fait que vous êtes comblée par la facilité et la douceur, c’est comme si c’était vous qui receviez le parfum qui s’en dégage.

Dans le second cas, votre prière aride, faite avec effort, devient l’offrande d’une fleur que le Seigneur reçoit avec son parfum, car c’est Lui qui reçoit tout.

Comme vous le voyez, l’aridité involontaire (c’est-à-dire celle qui survient quand il n’y a pas de faute grave qui vous coupe de Dieu) n’indique pas un arrêt dans votre vie spirituelle; elle virilise plutôt votre spiritualité pour vous réserver ensuite des moments bien doux avec le Seigneur. Toutefois, soyez toujours prudente quand vous avez la satisfaction de la prière facile, car il y a un certain danger de piétiner sur place dans une sorte de complaisance ou de sécurité qui ouvrirait la porte à un certain orgueil spirituel tandis que l’effort vous oblige à demeurer attentive, dans une attitude d’humilité, dans la recherche d’un Dieu qui vous semble éloigné et qui, pourtant, est bien près de vous et vous aime.

L’aridité spirituelle est une sorte de purification qu’il ne faut pas craindre. Ma réponse serait différente s’il s’agissait d’une rupture avec le Seigneur, par une faute grave, mais tel n’est pas votre cas. Aussi, pour contourner la difficulté pendant ces périodes de sécheresse, alors qu’il est impossible à l’âme de balbutier une prière, il vous suffit de demeurer dans une attitude d’amour ou encore de méditer lentement ces prières si belles, si profondes que vous avez apprises étant jeune; ces prières toutes faites deviennent alors un précieux secours.

Il est bien regrettable qu’on ait fait disparaître ces formules qui ont aidé tant d’âmes à monter vers Dieu. Comme je plains nos chers jeunes à qui on a enlevé cette forme de recours à Dieu, sous prétexte de les habituer à faire eux-mêmes leurs prières. Il n’est pas une âme qui ne connaisse, un jour ou l’autre, un arrêt, un vide qui torture, voire même une certaine forme de dégoût dans la prière; c’est alors que ces ressources spirituelles, qui viennent en aide à l’âme en difficulté, sont plus nécessaires que jamais.

Vous pouvez vous en tirer; ayez confiance, car tout se change en joies très profondes quand on a la patience et la générosité d’accepter les heures creuses, monotones, où l’on ne se retrouve plus.

La lumière et la chaleur divines suivent inévitablement et sont goûtées avec plus de joie et d’amour. Courage.

Marie-Paule

(Revue de l’Armée de Marie, volume I, numéro 3)