Minutes d’amour avec Marie
– Courrier spirituel –
L’angoisse des jeunes -2
Une adolescente de 14 ans, X, aux prises avec de sérieux problèmes, avait écrit au Courrier spirituel afin d’obtenir aide et réconfort. Les solutions proposées aux problèmes soumis paraissaient dans la revue de juin 1975.
Les pensées ou réflexions ont été confrontées à celles d’une amie non croyante, Marie J., dont elle parlait dans sa longue lettre, et à qui elle a expédié le numéro de la revue.
Or, celle-ci, après avoir pris connaissance du «Courrier spirituel» de l’Armée de Marie, apporte ses arguments incompatibles avec les réponses données. Notre jeune correspondante désire lui répondre avec l’aide de ce courrier, par le truchement de la revue.
Voici d’abord la lettre de Marie J., non-croyante. Chaque sujet d’étude a été numéroté afin d’aider le lecteur à trouver les réponses adéquates.
* * *
Merci beaucoup pour la revue l’Armée de Marie que tu m’as envoyée. J’ai lu très attentivement ta lettre et surtout le courrier religieux. Au fur et à mesure, j’ai noté ce que je veux discuter avec toi. Je vois que tu connais beaucoup de choses sur la religion et je pense que des échanges de lettres sur ce sujet, entre nous, seraient fructueux et enrichissants.
Je tiens à te dire que tu auras toujours mon soutien dans la phase difficile que tu traverses. J’espère que tu me considères comme une amie, même si des océans nous séparent.
Tu m’as demandé de faire une prière pour toi. Cela va peut-être te paraître ridicule et incompréhensible, mais j’ai eu beaucoup de mal à accomplir cette demande. Cependant, j’ai prié ton Dieu afin qu’il te vienne en aide.
Maintenant, je vais te dire ce que je pense du courrier de l’Armée de Marie. D’abord, la lettre de la jeune fille m’a très touchée. J’y ai trouvé les problèmes que se posent les jeunes, mais en plus, la question de la religion vis-à-vis de toutes ces interrogations.
1- Je considère qu’il n’y a ici aucune aide, peut-être parce que je ne suis pas croyante.
2- Toutes ces réponses invitent au renoncement, à la résignation, à l’obéissance aveugle dans l’ordre établi. Marx a dit que «la religion est l’opium du peuple
». L’opium est une substance qui abrutit; si on en abuse, elle nous rend apathiques et sans réaction vis-à-vis de la vie.
3- Pour moi, la religion, surtout la religion catholique, est le meilleur gardien de l’ordre établi, de conceptions morales périmées dans notre monde en pleine mutation. Je ne dis pas que tout ce qui est nouveau est bon, mais le monde, les moeurs évoluent et la religion ne le voit pas ou très peu.
4- Je vais prendre des exemples dans le courrier. La jeune fille exprime son besoin d’être libre et indépendante. Quoi de plus normal que de vouloir s’affirmer et de vouloir poser en personne du monde.
Or, que donne la réponse: «ce désir d’indépendance ne l’a rendue que plus esclave
». Je ne vois pas en quoi le désir d’indépendance légitime peut rendre plus esclave. Bien sûr, notre indépendance implique une prise de conscience de nos responsabilités, de notre rôle vis-à-vis des autres et de la société. En ce sens-là, nous sommes esclaves, mais qui ne l’est pas?
5- Et qui sait si cette prise de conscience n’est pas, au contraire, la liberté? Du moment que l’on obtient son indépendance vis-à-vis des parents, par exemple, on obtient la liberté de juger la société, le système des valeurs qui la régit, et de choisir si l’on veut combattre ces valeurs ou les protéger.
6- La réponse numéro 5 est un appel à ne pas juger et à ne pas revendiquer, à rester passif face au monde. Que penses-tu de cela? Est-ce là que réside la marche vers un monde meilleur?
7- Autre phrase qui m’a beaucoup choquée et révoltée. Elle est en rapport avec la question précédente. La voici: «Elle voudrait (sa mère) t’épargner toutes les déceptions qui atteignent ceux et celles qui veulent vivre leur vie d’indépendance selon leurs pensées personnelles
.» C’est pour moi une phrase inacceptable. Évidemment, la vie comporte des déceptions, mais cette phrase semble dire que les êtres qui ont décidé de se poser en êtres majeurs sont plus malheureux que les autres. Mais où vont-ils chercher cela?
8- Nos pensées personnelles sont toujours plus largement intégrées à un groupe de pensées, à une certaine philosophie. Jamais un homme n’est seul à avoir telle ou telle autre pensée.
On appartient forcément à un groupe d’hommes qui ont les mêmes pensées que nous. Donc, on n’est pas seul, ce que semble insinuer à tort la réponse. Si, justement, nos pensées sont en contradiction avec l’ordre établi, bien sûr que la vie sera plus dure, mais elle aura au moins le mérite d’être authentiquement vécue.
9- Je prends, par exemple, le cas des hippies. Leurs opinions sont contre la société de consommation alors que notre système capitaliste accroît de plus en plus la société de consommation. S’ils veulent vivre leur philosophie, leur vie sera plus dure que pour l’homme qui accepte de s’intégrer au système, mais, au moins, ils vivront en complète harmonie avec leur philosophie, ce que bien peu de gens ont le courage de faire.
10- Maintenant, au sujet de la responsabilité d’un avortement et des relations prémaritales, là aussi, je crois que nous ne pourrons pas nous entendre, car je considère que l’avortement n’est qu’un dernier recours si l’on a tout essayé. Ce n’est pas une solution en soi. Je connais plusieurs filles au Lycée qui se sont fait avorter, et cela a paru ne pas les avoir trop traumatisées, et pourtant elles se disent de confession catholique.
11- Quant aux relations prémaritales et à l’union libre, je suis entièrement en faveur. Je considère que le mariage n’est qu’une formalité administrative. L’amour entre deux êtres n’augmente pas à cause de leur mariage. Pour moi, le mariage n’est utile qu’à cause des enfants, car lorsqu’on n’est pas marié, leur situation est très difficile. Je trouve que l’union libre est un très bon prélude au mariage. Tant que l’on ne veut pas d’enfant, le mariage n’est pas nécessaire. L’amour vrai n’est pas logiquement équivalent au mariage. De plus, l’union libre peut permettre de faire le point.
12- Je m’arrête; je t’ai fait un vrai journal. J’espère que tu ne me tiendras pas rigueur de mes opinions qui t’ont peut-être choquée et que nous sommes toujours amies.
J’accepte tes points de vue, tu es libre de penser ce que tu veux. Je trouve très enrichissant de confronter mes idées avec d’autres qui n’ont pas les mêmes pensées que les miennes.
Au revoir.
Marie J.
Marie J. pose un geste louable de solidarité en désirant aider sa compagne X. Bien plus, étant non-croyante, elle fait un effort de prière en faveur de son amie dans l’espérance que son Dieu lui vienne en aide. Et encore, elle manifeste une belle sincérité et un vif intérêt pour les problèmes qui sont soumis. Même si elle ne partage pas les opinions énoncées, elle apporte son point de vue sans agressivité, en demeurant réceptive, alors même que certaines réponses lui ont déplu. Comme tant d’autres, elle cherche, tout en ayant des idées bien arrêtées sur certains sujets.
1- Non-croyante
Bien sûr, les réponses ont été données selon l’enseignement de l’Église Catholique, qui perpétue celui du Sauveur, Fils de Dieu. Quelles que soient les croyances, cet enseignement favorise un équilibre parfait dans la paix durable et le bonheur vrai. Marie J. a vite trouvé une conclusion: «les réponses lui semblent vides, sans aide appréciable, peut-être parce qu’elle n’est pas croyante
».
2- «La religion est l’opium du peuple»
Si «la religion est l’opium du peuple
», et si «l’opium est une substance qui abrutit
», comment expliquer que le Christ-Sauveur soit venu réveiller le peuple de Son temps par l’Évangile, qui est la base de la religion catholique. On se plaît à dire plus que jamais que le Christ a été un révolutionnaire — que ce soit entendu dans le bon sens du mot –, alors comment donc Sa religion serait-elle de l’opium, et comment donc endormirait-elle Ses adeptes au point de les abrutir?
Bien au contraire. Ceux qui vivent intensément l’enseignement donné par le Christ sont pleins de vigueur, de force, de foi, d’espérance et d’amour. Les preuves en sont faites car depuis des millénaires, l’Église a maintes fois proposé comme modèles à imiter ceux et celles qui ont marché sur les traces du Christ pour l’extension de Son règne.
Seuls ceux qui se dérobent à cet enseignement deviennent apathiques, et même des membres morts dans le Corps mystique. Le Sauveur a donné Sa vie pour les racheter mais, à tous, Il laisse pleine et entière liberté de profiter de ces trésors immenses qu’Il offre pour le bonheur de chacun.
Aujourd’hui plus que jamais, il y a confusion dans l’enseignement. Toutefois, au cours des siècles, l’Église a connu des tempêtes de toutes sortes, mais elle a toujours eu l’assurance que «jamais les portes de l’enfer ne prévaudraient contre Elle
».
L’Église connaît, en ce moment, des assauts terribles qui proviennent, non seulement de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur: de ses propres fils.
Il en va dans l’Église comme dans le monde, qui connaît tantôt ses épidémies, ensuite contrôlées par la science pour la sécurité des habitants.
Bientôt, l’Évangile va refleurir dans sa pureté pour la joie et la paix du monde, car c’est toujours dans les périodes les plus difficiles que surgissent les plus riches espoirs. Être chrétien, comme c’est grand, car «le chrétien est un homme à qui Dieu a confié tous les autres hommes
».
3- «La religion ne le voit pas»
Dieu, dans Sa grande bonté et Sa toute-puissance, a créé le monde: le soleil, la lune, les étoiles, etc. Quelle merveilleuse harmonie dans l’architecture divine! L’homme de science, grâce à Dieu, peut savoir des années d’avance la trajectoire de tel astre, selon des données précises et scrupuleusement observées.
Si, dans cette ordonnance naturelle, Dieu a tout prévu jusqu’à la fin du monde, comment donc le Fils de Dieu, venu sur terre pour faire connaître et aimer Son Père, aurait-Il enseigné «des conceptions morales qui deviendraient périmées dans notre monde en pleine mutation
»? N’est-ce pas plutôt le monde qui se fourvoie en s’éloignant de la chaleur des enseignements, de la lumière des lois divines, pour plonger dans le chaos où le conduisent ses sursauts d’orgueil dans le «Non serviam
»?
Depuis 2000 ans, l’Évangile demeure le pivot, la base de l’enseignement catholique. Jamais il n’a été périmé. L’enseignement de l’Évangile traverse les siècles dans une actualité toujours étonnante, et l’Église, en bonne Mère, le rappelle sans cesse à ses enfants pour leur bien et leur bonheur. Plus on s’éloigne de cet enseignement, plus on est forcé d’y revenir dans la douleur qu’une «mutation» malsaine a engendrée.
Le Seigneur est toujours le même. Rappelons-nous l’importance de Son enseignement dans ces simples mots: «Le ciel et la terre passeront mais mes Paroles ne passeront pas
.» Cette phrase devient un sujet de méditation profonde…
4- Indépendance
Si l’on considère que le Seigneur nous invite à «devenir comme des petits enfants
» tout en nous laissant notre liberté, c’est vraiment merveilleux et grand. Quelle sage leçon nous découvrons dans ce programme de vie!
Le Seigneur, le Maître de tout, si bon, si puissant, nous invite à monter dans l’amour vrai vers Lui en nous traçant la route, mais Il respecte notre liberté. Nous, si petits, si égoïstes, en retour de tout ce que nous avons reçu, nous appliquons la loi de l’indépendance à Son appel et nous refusons les joies «exceptionnelles» qu’Il accorde à ceux qui entendent Sa voix pour un bonheur que rien sur terre ne peut égaler.
Vivre selon les lois de Dieu, en toute liberté, c’est consentir à s’éloigner de l’esclavage des passions, etc. C’est bâtir sa vie sur le roc solide de la vraie liberté qui épanouit.
Tout comme celui qui doit suivre un code de route pour arriver à telle destination prévue, il est nécessaire à celui qui veut conquérir et goûter les joies de l’équilibre de suivre les lois dictées par Dieu. Dans l’une ou l’autre voie, la liberté demeure, mais si l’indépendance fait fi de telle loi, c’est l’enlisement dans une voie qui conduit à l’esclavage le plus rude et le plus amer.
Ceux qui suivent les lois de Dieu ne sont pas, pour autant, lésés dans leur soif d’indépendance. Au contraire, ils sont d’autant plus libres qu’ils se dégagent d’eux-mêmes, en suivant la loi de Dieu, pour devenir davantage conscients de leurs responsabilités vis-à-vis des autres, donc de la société.
«La jeune fille qui veut s’affirmer ou poser en personne adulte dans notre monde
» le fera avec d’autant plus de force que sa formation lui donnera d’équilibre, d’amour vrai. Mais les personnes qui rayonnent vraiment pour le bien de la société et de l’Église ne le soupçonnent même pas, tellement elles sont prises par l’appel des beautés surnaturelles, ce qui jette dans l’oubli total le désir de «s’affirmer ou de poser en personne adulte
». Ces personnes sont libres et indépendantes, mais dans la bonne liberté et la saine indépendance qui porte des fruits savoureux et bénéfiques pour le monde.
5- «Juger la société, les parents»
Une prise de conscience n’est pas nécessairement la liberté telle que revendiquée. Il n’est pas nécessaire, non plus, d’être indépendant pour avoir enfin la liberté de juger la société, les parents, etc.
Prendre conscience des réalités, c’est d’abord essayer d’en assumer les exigences en ce qui nous concerne. Lorsqu’on a vraiment assumé une responsabilité, qu’on en connaît toutes les facettes et les implications, on réalise que tout est tellement complexe qu’on n’ose plus, si l’on est sincère avec soi-même, juger de tout et de rien. Juger n’apporte rien de concret, c’est appliquer le remède bienfaisant qui est salutaire.
6- «Ne pas juger»
La réponse numéro 5 dans la revue de juin 1975 concernait les répercussions spirituelles et sociales de nos actions. Exemple: «Regardons agir, sans la juger, une personne entraînée dans l’alcoolisme, etc.
»
Cette réponse n’invite pas la passivité face au monde, comme le prétend Marie J. Elle invite à la charité envers celui qui s’égare, et cela, c’est déjà «être en marche vers un monde meilleur», car l’amour, la compréhension et l’aide qui entourent ceux que les passions enchaînent valent plus que tous les froids jugements qui peuvent être portés.
«Ne jugez pas
», a dit le Sauveur. «Aimez votre prochain
»… Quel équilibre dans l’Évangile! «La vie de l’homme n’est rien d’autre qu’un chemin vers Dieu
.»
7- Vivre dans l’indépendance
«Vivre dans l’indépendance
», selon ses pensées à soi, sans référence à l’ordre établi par Dieu, c’est s’acheminer vers des déceptions, des désillusions innombrables. Les parents qui ont l’expérience de la vie voudraient bien épargner à leurs enfants les rudes difficultés qu’une indépendance mal comprise et trop vite acquise risque d’entraîner. Les jeunes ont soif d’indépendance et cela se comprend facilement. Toutefois, l’indépendance, sans responsabilité sociale, pose moins de problème. Mais, quand les responsabilités recherchées pèsent prématurément sur leurs épaules, il n’est pas long avant que les confidences prouvent que le poids risque de faire dévier. Au contraire, si les responsabilités sont bien comprises, dans un esprit «de dépendance», elles donnent alors une maturité à nulle autre pareille et deviennent bienfaisantes. Nul ne peut vraiment être indépendant, nous sommes tous soumis à des lois.
8- «Vie plus dure mais authentiquement vécue»
L’ordre établi en ce monde, bien sûr, n’est pas toujours conforme à l’authenticité. Il peut être contesté tant et plus, mais rien ne prouve que la contestation soit la meilleure forme de revendication.
La réponse donnée à X s’adressait à un cas particulier, bien que le sujet traité puisse rejoindre une foule de jeunes aux prises avec le même problème.
Une chose est certaine, quel que soit l’ordre établi, quel que soit le courant de pensées qui submerge les jeunes et les moins jeunes, il reste que le mérite d’une vie authentiquement vécue débouche sur les vraies valeurs spirituelles qui seules demeurent pour le bien d’une société en pleine mutation. S’y dérober, c’est retarder le retour de l’harmonie, de la compréhension, de la paix, du vrai bonheur.
9- Le cas des hippies
Selon le point de vue de Marie J., le cas des hippies est valable dans le contexte décrit.
Le monde de la consommation ne cherche évidemment qu’à servir, orienté qu’il est vers le profit et l’intérêt. Mais nous demeurons libres d’accepter ou de refuser, sans contrainte, les services offerts.
C’est pourquoi de nombreuses personnes peuvent vivre dans une société de consommation sans s’intégrer au système établi, et cela sans se détourner de la société. Leur action est peut-être moins manifeste que celle des hippies, mais elle n’en demeure pas moins valable; de plus, ces personnes ont la joie de vivre aussi en complète harmonie avec leur philosophie. Voilà pourquoi on ne peut pas dire que «bien peu de gens ont le courage de suivre leur philosophie
».
10-L’avortement
Marie J. se prononce ici sur les apparentes réflexions des jeunes filles, de croyance catholique ou pas, qui auraient demandé l’avortement.
Il y a une distinction très forte entre les propos légers sur l’avortement, tenus par une demoiselle, et ses réactions profondes qu’elle livrera dans un moment d’intime confidence. Il faut alors entendre les paroles poignantes qui sont exprimées en des regrets bouleversants que la vie se charge de rendre plus douloureux encore, non seulement à cause des effets moraux qu’ils comportent, mais aussi à cause des effets psychologiques qui s’ensuivent. Si toutes celles qui ont été soumises à ce traitement pouvaient être entendues, elles auraient vite sensibilisé leurs compagnes afin de leur épargner le cruel cauchemar qu’elles connaissent. Combien ne s’en remettent pas et dirigent leurs pas vers les psychiatres dans la recherche d’un équilibre, de la joie saine, de l’amour vrai.
11- L’union libre
Jamais le mariage-sacrement n’a été si peu respecté; jamais l’adolescence n’a été si peu épargnée! La licence s’étale à tous les paliers et l’on assiste à une dissolution de la famille, cellule mère de la société. C’est l’anarchie familiale. Pourquoi?
Laissons parler ceux qui se sont complu dans tout cet éventail de permissions accordées, dans leur soif d’indépendance, leur recherche personnelle, sans aucun respect des lois établies, se vautrant dans toutes les licences possibles que l’on appelle «relations prémaritales… union libre… mariage à l’essai… etc.»
Eh bien, ceux qui ont goûté à tout, dans l’espoir d’obtenir le bonheur qu’ils cherchaient, n’hésitent pas à crier casse-cou à ceux qui s’engagent dans les mêmes voies. Ce ne sont pas ceux qui entrent dans la ronde des passions de toutes sortes qui peuvent conclure sur les bienfaits ou les méfaits qu’elles engendrent. Les années passent en alourdissant le poids des déceptions, des ravages, des angoisses de toutes sortes. Les confidences de ceux qui ont vécu de cette façon sont éloquentes, et leurs conseils douloureux font réfléchir.
Il est vrai que «l’amour entre deux êtres n’augmente pas à cause de leur mariage
», surtout si les futurs époux vivent dans l’union libre. Mais c’est minimiser l’importance du mariage-sacrement que de le réduire à la seule nécessité de sécuriser les enfants.
Le sacrement du mariage est porteur de grâces et de bénédictions. Riche de possibilités, il facilite le dépassement dans l’épreuve et la joie épanouissante, non factice dans le don, permettant ainsi l’amour vrai.
L’union libre ne peut pas permettre de faire le point car elle appelle d’autres changements aux moindres difficultés qui surgissent, et c’est un perpétuel recommencement dans un amoncellement de complications.
Dieu a établi des lois et Ses lois sont toujours actuelles. L’Église les rappelle avec tendresse, même si ses enfants turbulents qui se veulent «adultes» se refusent à les entendre.
Au soir de notre engagement, quelle que soit la route parcourue, comme elles peuvent être consolantes ces paroles éloquentes et riches de sens: «C’est l’amour du Christ qui nous a réunis
.»
Cet amour du Christ qui préside à toutes nos actions, les valorise et nous habitue à comprendre le vrai sens des choses, à nous dépasser dans l’épreuve qui nous atteint un jour ou l’autre.
Cet amour du Christ, en s’approfondissant en nous, développe et magnifie un autre amour qui lui est étroitement lié: l’amour de l’Église. Celle-ci ne nous demande pas de détruire ou d’anéantir nos tendresses humaines; Elle nous invite à les orienter vers des perspectives spirituelles, car l’amour vient de Dieu et nous rapproche de Dieu. Quand l’amour de Dieu est en nous, les autres peuvent aimer Dieu à travers nous. Si l’amour de Dieu se retrouve chez les deux époux, il y a une Présence intérieure qui les unit, qui leur permet une compréhension plus profonde en solidifiant la fragilité de l’amour humain dans une confiance réciproque, pour lui donner des résonances de vérité.
Marie-Paule
(Revue de l’Armée de Marie, volume V, numéro 4)