Minutes d’amour avec Marie

– Courrier spirituel –

La maternité

J’ai 22 ans et l’avenir me sourit. Je connais un bon garçon qui me parle de mariage pour les mois prochains. Il possède de belles qualités; mes parents l’apprécient beaucoup. Sa famille me considère et semble en faveur de notre union.

Il a une profession qui rapporte bien et en plus, son père, bien placé financièrement, nous permet d’entrevoir l’avenir sans souci du lendemain.

Comme il n’y a pas de bonheur sans nuage, je dois vous dire que mon ami appartient à une grosse famille; de mon côté, je n’ai qu’un frère. Or, mon ami, étant le premier à se marier, je me fais casser les oreilles au sujet des petits à venir. Tout le monde a hâte… les parents, d’être grands-parents et les enfants, d’être les oncles et tantes… Ils pourraient bien nous laisser le temps de souffler un peu! Je sais que mon ami adore les enfants, mais moi…

Comme j’ai toujours entendu dire dans la maison par ma mère qu’elle en avait eu assez de deux et qu’elle ne voudrait pas recommencer, je vous assure que ça ne me prédispose pas trop d’entendre parler des marmots.

Il y a des jours où j’ai l’idée de retarder nos fiançailles, car la maternité me fait peur. Pourtant ma future belle-mère semble heureuse d’en avoir eu toute une lignée et tous les enfants semblent s’aimer.

Je n’ose exprimer mes craintes à maman car elle ne s’est jamais trop occupée de mes soucis; elle aime trop la vie mondaine pour s’attarder à moi et à mon frère que je ne vois que deux ou trois fois l’an car il demeure dans un autre pays.

J’aime assez mon ami pour ne pas vouloir le décevoir et comme j’habiterai non loin de mes beaux-parents, je ne voudrais pas non plus être une cause de ridicule dans la famille. Parfois, j’aurais l’idée de refuser et pourtant je voudrais, moi aussi, connaître le bonheur. Comment envisager la chose, car je veux me marier malgré tout?

Marie-Luce

Puisque vous désirez le bonheur, vous voudrez sûrement tenter de faire disparaître ces préjugés contre la maternité; préjugés qui vous semblent sensiblement augmentés puisque vous n’avez pas eu encore l’occasion d’en étudier toutes les joies qui peuvent en découler.

Nos plus grands poètes n’ont jamais pu traduire vraiment le bonheur indicible qui étreint la jeune maman lorsqu’elle peut enfin embrasser le «petit ange» qu’elle attendait impatiemment. Seule, une vraie maman en connaît la douceur mais ne peut la décrire. Que sont après tout, ces quelques mois d’attente comparativement à la joie magnifique de posséder ce petit être qui ne demande qu’à nous chérir. La venue d’un enfant dans un foyer cimente l’union de deux coeurs et devient un lien bien doux. Si la maternité dirige les âmes vers des sphères nouvelles, la formation d’une âme toute neuve permet de connaître la grandeur, la profondeur, la beauté du don de soi; c’est là que réside le vrai bonheur, tout le reste n’est que factice et apparent.

Heureuse êtes-vous d’être admise dans une famille unie où l’on savoure les joies familiales. Heureuse êtes-vous de connaître un jeune homme qui a goûté à tous ces charmes; il saura être à la hauteur de la situation lorsqu’à son tour, il devra assumer les responsabilités de la paternité.

Cela n’implique pas le fait qu’il faille compter les enfants à la douzaine. Puisque vous désirez le bonheur, acceptez-le tel qu’il se présente à vous, car vous êtes vraiment bien partagée.

Cet événement de la conception conduit la femme au seuil même du mystère chrétien. C’est en elle que s’élabore la formation d’un être nouveau qui engage l’amour de Dieu puisqu’Il va créer une âme nouvelle et la confier aux parents.

Cette collaboration ineffable rayonne sur toute la vie et ses répercussions sont éternelles! L’épouse qui comprend ce rôle sublime est vite centrée dans une attitude de foi et de reconnaissance; elle est émerveillée de cette envergure spirituelle.

Être mère, que c’est grand, sublime! Comme il faut comprendre celles qui ne peuvent combler cette attente et pleurent d’impuissance!

Marie-Paule

(Revue de l’Armée de Marie, volume III, numéro 5)